Mafli, le pinceau dans le guidon

Les festivités se déroulent au Musée de l’abbaye de Payerne qui consacre au Vaudois d’adoption, natif de Saint-Gall, une rétrospective salutaire. Celle-ci rassemble près de quatre-vingts tableaux, dessins et aquarelles, ainsi que deux sculptures, qui témoignent de l’ampleur et de la diversité de l’œuvre. Le parcours thématique fait fi de la chronologie qui chez Mafli peut jouer des tours, le peintre ne s’étant jamais cantonné à un style unique. Au contraire, sa manière est plurielle. Elle oscille entre la tradition figurative héritée de l’impressionnisme et les tendances multiples de l’abstraction d’après-guerre. Une diversité parfois déboussolante, mais parfaitement assumée par le centenaire, qui dit être un artiste « témoin de son temps », ce qu’il est, en effet, depuis près de quatre-vingts ans ! Privilège de l’âge, cette attitude décomplexée est doublée d’un réel plaisir de peindre qui enchante chacune de ses compositions. Ses peintures les plus personnelles sont les « tableaux cyclistes ». Une invention qui touche à l’autre passion de l’artiste, le vélo. Le format rectangulaire de ces compositions, ainsi que leur ligne d’horizon située à hauteur de selle, adopte le point de vue original du cycliste. Quant aux paysages qui défilent à grande vitesse, ils se dissolvent dans la couleur et la matière et confinent à l’abstraction. Une échappée picturale que n’aurait pas reniée Eddy Merckx, avec Bernard Buffet et Mark Rothko, idoles de Walter Mafli.