Lecture croisée

En deux livres comme en 100

Par Florence Dauly · L'ŒIL

Le 19 mars 2015 - 424 mots

« Cent est un chiffre arbitraire : on aurait aussi bien pu s’arrêter à 73 idées ou en étudier 151. L’important est que chacune de ces idées a laissé une empreinte particulière dans l’art. »

Deux livres proposent ce mois-ci cent choix, cent propositions. Le premier, 100 idées qui ont transformé l’art de l’historien d’art et écrivain Michael Bird [Seuil, 216 p., 29 €], propose de retracer l’histoire de l’art à travers les concepts qui ont fondé les changements artistiques. Le second, Les 100 tableaux qui ont fondé l’impressionnisme de Pascal Bonafoux [Chêne, 259 p., 29,90 €], écrivain, historien d’art et commissaire d’exposition, s’intéresse lui plus particulièrement à un seul mouvement artistique, et pas n’importe lequel. On est ici un peu dans un système de poupées russes, l’ouvrage de Michael Bird englobant celui de Pascal Bonafoux en un bel ensemble. Les deux ont en commun l’envie de raconter : d’un côté, raconter l’histoire d’un art qui « intègre un mouvement de transformation permanent qui fait partie de sa nature profonde, que l’on y réfléchisse en termes concrets (le passage de la pierre à la statue) ou en termes d’idée (donner forme à des choses encore invisibles) » ; de l’autre, narrer l’histoire de l’impressionnisme comme le souligne son sous-titre. Bird s’intéresse à des idées de toutes natures : techniques comme la peinture à l’huile, intellectuelles comme les mathématiques ou encore spirituelles comme l’icône. Il met notamment en relief l’invention de la peinture en tube : « L’impressionnisme qui s’intéressait surtout aux effets de lumière changeants des cieux variables du Nord de la France n’aurait pas existé sans la peinture en tube ». L’impressionnisme en lui-même serait une idée à placer dans ce livre, mais Michael Bird prévient qu’il a voulu « essayer d’écarter tous les mots en –isme » pour parler plus précisément du concept de l’art. Pascal Bonafoux insiste, quant à lui, sur ce que l’impressionnisme a apporté à l’art : « Cette école a supprimé deux choses : la ligne sans laquelle il est impossible de reproduire la forme d’un être animé ou d’une chose, et la couleur qui donne à la forme l’apparence de la réalité. » Ces textes fouillés sont accompagnés d’un corpus impressionnant d’œuvres plus belles les unes que les autres, d’ailleurs choisies difficilement comme le dit Michael Bird : « Dans les choix iconographiques, il y a quelques grands absents. » Effectivement, mais cette sélection de cent œuvres et idées permet de ne jamais se perdre dans le superflu et d’établir un propos cohérent et clair jusqu’au bout.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°678 du 1 avril 2015, avec le titre suivant : En deux livres comme en 100

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