Mark Lewis : Arpenteur infatigable

Par Christine Coste · L'ŒIL

Le 18 mars 2015 - 608 mots

Mark Lewis n’a qu’une hâte : se poser chez lui à Londres où il vit avec sa famille depuis dix-huit ans et réalise nombre de ses films courts.

Ce désir, il le glisse lors de son passage à Paris pour la présentation de l’exposition que lui consacre Le Bal parallèlement à celle du Louvre. 2014 est l’année durant laquelle il n’a jamais été aussi absent de chez lui, ni produit autant dans le cadre d’invitations. Pas moins de quatorze films en un an : trois en Corée du Sud sur la zone démilitarisée à la frontière avec la Corée du Nord, sept à Sao Paolo à l’occasion de la 31e Biennale de Sao Paolo et quatre pour Le Louvre après l’invitation passée par son ancien directeur, Henri Loyrette, quelque temps avant son départ. Invité en 2009 à représenter le Canada à la 53e Biennale de Venise, l’artiste canadien compte parmi les artistes les plus représentatifs de l’école de Vancouver aux côtés de ses aînés Ian Wallace, Jeff Wall, Rodney Graham et de ceux de sa génération tels Ken Lum, Stan Douglas ou Roy Arden. Quand on lui demande si produire autant en si peu de temps, parallèlement à son enseignement au Central Saint Martins et à l’University of the Arts London, lui permet de se renouveler, il s’inquiète des ressemblances que l’on peut trouver entre certaines de ses réalisations, et que lui-même évoque, avec celles montrées à Sao Paolo et en Corée : « Je n’ai pas envie de devenir un artiste célèbre toujours entre deux voyages. Refaire des films à Londres me manque. »

Plans fixes
Les déplacements, l’exploration des territoires qu’il ne connaît pas, Mark Lewis les affectionne pourtant. Que ce soit à Londres, à Sao Paulo qu’il a découvert, à Toronto ou à Vancouver où il a vécu avant de s’installer en Angleterre, il passe beaucoup de temps à marcher, à circuler à vélo. « Le vélo me permet de me retrouver moi-même, d’appréhender au mieux un territoire et de découvrir de nouveaux endroits à Londres ou à Vancouver. Si je repère quelque chose qui m’intéresse, je reviens faire des photos. » Londres est le territoire privilégié d’une trentaine de ses films, contre une petite dizaine à Toronto et une poignée à Vancouver, où longtemps la pratique de la photographie a dominé avant que ne se substitue progressivement, vers 1995, ce qu’il surnomme le « cinema in parts ». Autrement dit, des moments filmés affranchis des registres et de la narration, focalisés sur une scène urbaine ordinaire ou un paysage soigneusement filmé en un lent travelling, ou un plan fixe, dans le silence le plus complet.

Mark Lewis a été initié à la photographie par Victor Burgin, artiste conceptuel, professeur et théoricien de l’image, envisagée tant dans ses relations multiples avec le contexte social et politique auquel elle appartient que dans sa diversité d’interprétation et d’analyse. Ses films en portent la trace quand il renverse le rapport de ce que l’on voit et de ce que l’on perçoit. Au Bal, Cold Morning (2009), centré sur un sans-abri rassemblant ses affaires sur le trottoir où il a passé la nuit, en témoigne, comme Above and Below the Minhocão, un de ses derniers films portant sur une portion de cette autoroute qui traverse Sao Paulo, ouverte aux piétons et aux cyclistes le soir et le week-end. Et source de toutes les projections.

Repères

1958
Né à Hamilton (Canada)

1989-1997
S’installe à Vancouver

1998
Emménage à Londres et réalise The Pitch

2009
Biennale de Venise

2015
Exposition « Above and Below » au Bal (jusqu’au 31 mai) et « Mark Lewis Invention » au Musée du Louvre (jusqu’au 31 août)

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°678 du 1 avril 2015, avec le titre suivant : Mark Lewis : Arpenteur infatigable

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