Georges Gasté, orientaliste singulier

Georges Gasté fut peintre mais également photographe et passa la majeure partie de sa vie en Algérie, en Égypte et en Inde, où il mourut en 1910. Passionné par ces pays, fuyant la société coloniale dans laquelle il se sent étranger, il s’est attaché à décrire au plus près de la vérité la vie quotidienne des populations qu’il côtoie. « Penser à montrer des caractères, des passions et des sentiments plutôt que la couleur locale » : dans un style sobre et vibrant, son œuvre explore « jusqu’à l’obsession » la condition humaine : enfants jouant, tisseuses au travail, bédouins, mendiants, adolescentes, Yasmine et surtout Aïcha « la rieuse », dont il réalise de nombreux portraits. Il immortalise également les monuments qu’il rencontre : temples et mosquées. Gasté est l’un des rares artistes européens à avoir prolongé le voyage jusqu’aux Indes. Dans le temple de Maduraï, il réalise Le Bain des Brahmines, considéré comme son chef-d’œuvre. Agra, ville du Taj Mahal, lui inspire d’autres tableaux et surtout des photographies d’une grande poésie. Car c’est son œuvre photographique, d’une surprenante modernité, qui se révèle au fil de la visite. Loin des photos orientalistes « fabriquées » de l’époque, les clichés authentiques de ce véritable photoreporter sont d’une indéniable valeur documentaire et d’un grand humanisme, à l’égal d’un Doisneau ou d’un Brassaï.