Dijon (21)

Bon Boullogne sort du purgatoire

Musée Magnin, jusqu’au 5 mars 2015

Par Isabelle Manca · L'ŒIL

Le 22 janvier 2015 - 317 mots

Le Musée Magnin dispense une leçon d’humilité. Sa nouvelle exposition nous rappelle que l’on peut être un des peintres les plus prisés de son temps et pourtant sombrer dans un anonymat quasi total.

C’est le destin qu’a vécu Bon Boullogne (1649-1717), artiste extrêmement célèbre et prolifique de la fin du règne de Louis XIV. Il est ensuite tombé dans les limbes de l’histoire de l’art jusqu’à ce qu’un chercheur s’évertue à reconstituer son corpus, fort lacunaire, et à identifier ses créations au sein des réserves et collections de musées. L’historien de l’art François Marandet, artisan de sa redécouverte, signe aujourd’hui la première monographie de ce peintre oublié. « Un tiers des pièces présentées ici découle d’un travail de réattribution et d’une longue investigation, car Bon Boullogne a été rapidement victime de ce qui faisait son succès : sa versatilité absolue. » Rares sont en effet ses contemporains à avoir manié, du moins avec brio, des genres si hétéroclites, tout en revendiquant de multiples influences oscillant entre l’art hollandais et bolonais. Auteur de grands décors royaux, il a parallèlement réalisé des portraits – dont il ne reste malheureusement que de très rares exemples – et surtout quantité de tableaux de collectionneurs : essentiellement des peintures de chevalet mythologiques ou religieuses. Ses petits formats religieux ne sont pas l’aspect le plus excitant de sa production, la faute à leur caractère stéréotypé et à la propension du maître à affubler ses saintes d’un regard extatique, plus mièvre que mystique. Ses œuvres mythologiques sont, en revanche, souvent de très beaux morceaux de peinture : qu’il s’agisse d’éléments de décor, comme Junon et Flore, ou de tableaux destinés aux collectionneurs, à l’instar de Vénus sur les eaux. Ils réussissent la délicate alchimie entre la puissance de la peinture d’histoire et une sensualité raffinée, mais charnelle, qui annonce la peinture galante sans en avoir l’afféterie. En deux mots : une belle redécouverte !

« Bon Boullogne Un chef d’école au Grand Siècle »

Musée Magnin, 4, rue des Bons-Enfants, Dijon (21), www.musee-magnin.fr

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°676 du 1 février 2015, avec le titre suivant : Bon Boullogne sort du purgatoire

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