Wuppertal (Allemagne)

« Père » Pissarro et ses « fils »…

Musée Von der Heydt, jusqu’au 22 février 2015

Par Fabien Simode · L'ŒIL

Le 17 décembre 2014 - 319 mots

On porte parfois plus d’attention aux enfants qu’aux parents. Ainsi « père Pissarro », comme l’appelaient les peintres de son temps, n’a-t-il pas – n’a-t-il plus ! – la même postérité que ses « descendants » les plus célèbres, en premier lieu Paul Cézanne (1839-1906) et Claude Monet (1840-1926).

L’un et l’autre connaissaient bien le travail du peintre Camille Pissarro (1830-1903), de dix ans leur aîné. Cézanne lui-même avait travaillé chevalet contre chevalet avec son ami, à Auvers-sur-Oise et à Pontoise. Dans une lettre à Lucien, son fils biologique, Camille Pissarro confiait : « Cézanne a subi mon influence à Pontoise et moi la sienne […]. Parbleu, nous étions toujours ensemble ! » Parbleu, que le temps a passé ! Alors que l’on ne dénombre plus les expositions et les publications sur Monet et Cézanne, celles consacrées à Pissarro « père » se comptent sur les doigts d’une main. La rétrospective que lui consacre le Musée Von der Heydt est donc d’autant plus appréciable qu’elle est rare. Organisé de manière à la fois chronologique et thématique (natures mortes, vues de villes, anarchisme…), l’accrochage, riche de près de cent soixante-dix œuvres, peintures et gravures, déroule le parcours de Pissarro, des premiers tableaux peints en 1852-1854 au Venezuela avec le peintre danois Fritz Melbye à la dernière période post-impressionniste que détestait tant son marchand Paul Durand-Ruel. Chaque salle prend soin de remettre Pissarro dans le contexte artistique de l’époque, grâce au voisinage des peintres contemporains du maître de Pontoise : Melbye, Cézanne et Monet bien sûr, mais aussi Corot, Courbet, Degas, Millet, Seurat, Sisley, Whistler… Si certains rapprochements sont bien vus, d’autres, comme celui avec Rodin, son en revanche plus étonnants. D’autres encore, comme ceux faits avec Gauguin et Redon, desservent le peintre, trop intimiste pour toujours supporter la comparaison. On en retire le sentiment confus d’une rétrospective intéressante mais brouillonne, qui effleure son sujet à force de trop vouloir l’embrasser.

« Pissarro, Le père de l’Impressionnisme »

Musée Von der Heydt, Turmhof 8, Wuppertal (Allemagne), vdh.netgate1.net

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°675 du 1 janvier 2015, avec le titre suivant : « Père » Pissarro et ses « fils »…

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