Le dos de la cuillère

Par Christian Simenc · L'ŒIL

Le 16 décembre 2014 - 427 mots

De l’incontournable triumvirat de table cuillère/fourchette/couteau, la cuillère est sans doute celle qui,
au fil des temps, décline de multiples fonctions. L’entreprise transalpine Alessi, spécialisée dans les arts de la table, propose ainsi depuis belle lurette des cuillères adaptées à différentes activités. L’une des plus emblématiques est à n’en point douter la fameuse cuillère à mayonnaise Sleek [« lisse » en anglais], dessinée en 1962 par les frères Achille et Pier Giacomo Castiglioni.

Conçue à l’origine comme un article promotionnel pour accompagner la mayonnaise de la société Kraft, le modèle était à la fois simple et ingénieux. Particularité : la cuillère présente d’un côté la forme creuse habituelle qui peut épouser la courbure de la plupart des pots et, de l’autre côté, un bord droit de manière à adhérer parfaitement à la paroi intérieure du bocal. Bref, une cuillère idéale qui permet d’augmenter ses chances de récupérer le moindre fragment de nourriture au fond des pots de mayonnaise, de confiture et autre… beurre de cacahuètes, fabriqués alors par la firme agroalimentaire états-unienne. La société Alessi réédite ladite cuillère depuis 1996.

Tout comme elle produit, depuis 1982, également dessinée par Achille Castiglioni, mais en solo cette fois, la cuillère à risotto Dry, en acier inoxydable poli miroir, qui ressemble peu ou prou à une mini-pelle à charbon. Trente ans plus tard, en 2012, la designer française Inga Sempé revisite cette traditionnelle cuillère à risotto et réalise un spécimen quasi plat et circulaire, néanmoins élégant et expressif, ce qui ferait presque passer ledit objet pour un sceptre royal !

Après avoir dessiné, en 2002, la cuillère à glace Big Love, dont la « coupe » est en forme de cœur, l’Italienne Miriam Mirri propose cette année une cuillère à miel, baptisée Acacia. Celle-ci se compose de deux éléments : d’une part, une sorte de sphère, de l’autre, une tige effilée.

« La structure en alvéoles de cette boule s’inspire des alvéoles parfaitement hexagonales des nids d’abeille, explique Miriam Mirri. D’un poids léger, son intérieur évidé permet ainsi de recueillir la quantité de miel que l’on désire pour la transférer vers d’autres contenants. Cela fonctionne avec différentes consistances de miel, plus particulièrement ceux de types liquide ou semi-liquide. » Un seul conseil : n’y allez pas avec… le dos de la cuillère !

A savoir

La cuillère à risotto de la designer française Inga Sempé a remporté le premier prix du concours « Dessine une cuillère » lancé par la revue Domus afin de célébrer le cinquantenaire d’un fameux livre de recettes italien, Il Cucchiaio d’Argento [« La Cuillère d’argent »].

A voir

Née à Bologne en 1964, Miriam Mirri a étudié le design à l’Università del Progetto de Reggio Emilia, en Italie. Après avoir œuvré à Londres avec l’architecte anglais Nigel Coates, puis à Milan avec le designer italien Stefano Giovannoni, elle a ouvert sa propre agence dans la capitale lombarde. www.miriammirri.it

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°675 du 1 janvier 2015, avec le titre suivant : Le dos de la cuillère

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