Art ancien

Constable, plus grand que jamais

Victoria & Albert Museum, jusqu’au 11 janvier 2015

Par Fabien Simode · L'ŒIL

Le 19 novembre 2014 - 304 mots

LONDRES / ROYAUME-UNI

Avec ses vues tranquilles de la campagne anglaise, ses ciels superbes occupant les trois-quarts du tableau ou sa cathédrale de Salisbury peinte sous toutes les coutures, John Constable (1776-1837) est un paysagiste britannique aussi excellent que, disons-le, ennuyeux.

Accrocher un Constable au milieu d’une exposition thématique, comme le fit le Musée des beaux-arts de Rouen pour l’exposition « Cathédrales », passe encore ; en rassembler plusieurs dans une rétrospective de l’artiste tient en revanche du supplice, anglais. Du moins le pensait-on avant de visiter la formidable exposition que présente actuellement  le Victoria & Albert Museum à Londres. Certes, le V&A est un important centre d’étude de l’œuvre de Constable, mais la réussite de l’exposition tient à deux choses : son accrochage simple et sa démonstration, éloquente. Le musée ne veut nullement évacuer les spécificités du peintre : un paysagiste appliqué remettant cent fois sur le chevalet les mêmes sujets, certes plus sage que son contemporain Turner, exposé au même moment à la Tate Britain. Au contraire, le V&A s’ingénie à décortiquer le processus de création du peintre en s’attaquant à la vision qui enferme l’artiste dans un seul naturalisme de plein air, faisant souvent de lui l’un des précurseurs de l’impressionnisme. Si Constable peignait bien dehors, il s’agissait d’études à l’huile (Studies) de ciels et de motifs (arbres, ponts, charrues…) que le peintre reprenait ensuite dans des études d’atelier (Sketches) plus abouties qui allaient ensuite nourrir, parfois des années plus tard, les compositions du peintre, qui opérait ainsi par collages. Le parcours montre ensuite comment l’artiste, qui se passionnait pour Le Lorrain, Rubens, Ruisdael, Gainsborough… auxquels il eut accès grâce à la collection de son mentor sir George Beaumont, réinterprétait les anciens dans ses paysages apparemment  tranquilles. Apparemment seulement, car ce qui se joue chez Constable, c’est bien l’œuvre d’un peintre. Un grand peintre.

« Constable, la fabrique du maître »

Victoria & Albert Museum, Cromwell Road, Londres (Grande-Bretagne), www.vam.ac.ukwww.eurostar.com

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°674 du 1 décembre 2014, avec le titre suivant : Constable, plus grand que jamais

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