Art contemporain

Dôle (39)

Les Malassis : des hommes en colère

Musée des beaux-arts, jusqu’au 8 février 2015

Par Bénédicte Ramade · L'ŒIL

Le 18 novembre 2014 - 328 mots

Henri Cueco, Lucien Fleury, Jean-Claude Latil, Michel Parré, Gérard Tisserand et Christian Zeimert : ils sont six, en 1968, à s’unir pour fonder la coopérative des Malassis.

Six hommes en colère qui n’entendent pas s’en laisser compter par la gouvernance de Pompidou et s’emploient en peinture à produire une vigilance critique. Leur peinture figurative est politique, collective, la structure démocratique de leur coopérative répondra de la loi 1901 comme n’importe quelle association. Pas de vente, mais des locations pour échapper au marché capitaliste, et une féroce envie d’en découdre sur le terrain du concret les conduira à exposer partout en dehors des lieux habituellement dévolus à l’art et à la culture. Pas de formats petit-bourgeois mais des épopées visuelles, voilà leur credo pour laisser le champ libre à leurs idéaux sans verser dans la propagande. Un exercice d’équilibriste, qu’ils mèneront à cinq jusqu’en 1981, Zeimert leur ayant faussé compagnie un an après le lancement du groupe. Pourquoi Malassis ? Il s’agit du nom du quartier de Bagnolet d’où ils agissent. Bagnolet, une ville communiste depuis des décennies. Les chiens ne font pas des chats. Pourquoi Dôle ? Parce que les Malassis y ont déposé l’intégralité des œuvres produites à la coopérative (dont Le Grand méchoui de 1972, œuvre épique de 65 mètres de long) ainsi que leurs archives. François Cheval – désormais directeur du Musée Niépce de Chalon-sur-Saône – avait organisé ce dépôt exceptionnel en 1984, alors même qu’il faisait acheter par le musée jurassien l’ensemble de toiles des Cinq Peintres romantiques à l’époque des Malassis ou Les affaires reprennent, présenté en 1977 à l’Arc/Musée d’art moderne de la Ville de Paris. L’actuelle directrice des musées de Dôle, Amélie Lavin, revient sur cette histoire en offrant le Musée des beaux-arts à ce groupe de peintres aux indignations hors normes, qui secoua le Landerneau artistique français pendant une bonne décennie. Un catalogue essentiel accompagne cette plongée dans un temps où l’on croyait encore aux vertus politiques de la peinture.

« Les Malassis, une coopérative de peintres toxiques, 1968-1981 »

Musée des beaux-arts, 85, rue des Arènes, Dôle (39), www.musees-franchecomte.com

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°674 du 1 décembre 2014, avec le titre suivant : Les Malassis : des hommes en colère

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