Düsseldorf (Allemagne)

Annette Messager, une dimension abyssale

K21 Ständehaus Jusqu’au 22 mars 2015

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 23 septembre 2014 - 336 mots

Chaque exposition d’Annette Messager s’offre à voir comme une sorte d’invitation au voyage. Un voyage qui nous entraîne tantôt dans les dédales de situations fabuleuses et émouvantes, tantôt jusqu’au bout de la nuit dans des installations déroutantes, voire inquiétantes, jouant d’ombres lugubres et de figures fantomatiques.

Aux jeux croisés de l’étrange et du poétique, elle recourt à toutes les disciplines, use de tous les protocoles, emploie tous les matériaux, marquant une nette préférence pour le rouge et le noir. Entre ordre et chaos, son œuvre en appelle à tout un monde de réminiscences, expériences vécues, rêvées ou imaginées, qui renvoient le regardeur à ses propres chimères, ses propres fantasmes, ses propres délires. Entrer dans le monde d’Annette Messager, c’est accepter la surprise, ne pas craindre l’effroi, rechercher la tendresse ; c’est revivre tout un lot de sentiments et de sensations souvent oubliés, penser le monde hors des sentiers battus, découvrir l’autre autrement.

Figure pionnière d’un art contemporain éclectique et composite, Annette Messager est l’hôte cet automne et cet hiver du K21, l’un des lieux les plus en vue de la scène allemande. Sans être rétrospective, son exposition réunit un ensemble de créations réalisées au cours des quinze dernières années. Ainsi de cette installation intitulée Sous vent présentée en 2004 au couvent des Cordeliers à Paris, masse noire informe et sans vie qui se veut « une réflexion poétique sur la fragilité de la vie et de la mémoire où passé et présent se fondent en une trame complexe et ininterrompue ». Ainsi de Mes transports (2012-2013), tout un lot de petits chariots sur roulettes, porteurs d’objets hétéroclites tous recouverts de papier aluminium peint en noir mat, posés sur des couvertures en feutre de déménagement, en partance pour on ne sait quelle destination. L’artiste n’a pas son pareil pour accaparer l’espace et le transformer en un monde à elle, un univers volontiers fantasmagorique. Voilà vingt-cinq ans que Messager n’a pas montré son travail chez nos voisins germaniques. Il était grand temps qu’ils en prennent la mesure abyssale.

« Annette Messager », Stiftung Kunstsammlung Nordrhein-Westfalen, K21 Ständehaus, Grabbeplatz 5, Düsseldorf (Allemagne), www.kunstsammlung.de 

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°672 du 1 octobre 2014, avec le titre suivant : Annette Messager, une dimension abyssale

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