Lausanne (Suisse)

Voici l’Amérique !

Fondation de l’Hermitage Jusqu’au 26 octobre 2014

Par Virginie Duchesne · L'ŒIL

Le 25 août 2014 - 351 mots

En 1800, la plus grande ville du Nouveau Monde, New York, ne compte que 79 000 habitants.

John Adams, deuxième président des États-Unis d’Amérique, loge dans une auberge le temps de la construction de la Maison-Blanche à Washington, bourgade marécageuse de 3 200 âmes, infestée par le paludisme. De ce côté de l’Atlantique, l’art n’est pas la priorité, comme le rappelle un des pères fondateurs de cette jeune nation, Benjamin Franklin : « Quand nous en aurons fini avec les nécessités de la vie, nous songerons à ce qui l’embellit. » Mais la récente indépendance politique entraîne avec elle une nouvelle recherche artistique qui cherche à s’émanciper de l’Europe et a trouvé ses propres motifs. Le paysage est le premier d’entre eux. Différent du Vieux Monde, il incarne la grandeur et la beauté sauvage de ce continent encore vierge, perçu comme une terre divine offerte aux colons. Les trois plus grandes salles de l’exposition lui sont consacrées, le présentant, en un rapide panorama chronologique, des paysages réalistes de la côte Est à la découverte de l’Ouest et enfin de l’Alaska, la dernière frontière achetée aux Russes en 1867. Les autres genres appréciés par une clientèle essentiellement bourgeoise – faute de commandes d’État – sont les portraits, dont ceux de Thomas C. Eakins, seules œuvres du peintre exposées ici (parmi lesquelles un portrait provenant du Musée d’Orsay) sont aussi les plus beaux, et les petits formats peu coûteux des natures mortes, de moindre qualité. Tout l’intérêt de ces derniers réside dans leur capacité, toute américaine, à créer des totems incarnant encore les États-Unis aujourd’hui : le New York Times, les dollars, les portraits des présidents et les armes. L’exposition est un concentré d’Amérique du XIXe siècle, jeune, indépendante et en chantier. Mais en voulant à tout prix montrer un art américain émancipé du modèle européen, elle passe aussi à côté de grands peintres qui font également partie de cette histoire, comme les impressionnistes Edmund Charles Tarbell ou John Henry Twachtman, dont on connaît les images de la bonne société américaine et celles du parc de Yellowstone à la toute fin du siècle.

« Peindre l’Amérique »

Fondation de l’Hermitage, route du Signal 2, Lausanne (Suisse), www.fondation-hermitage.ch

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°671 du 1 septembre 2014, avec le titre suivant : Voici l’Amérique !

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