La critique

Lin Utzon : attention, fragile

Par Céline Piettre · L'ŒIL

Le 22 août 2014 - 255 mots

Les pièces de Lin Utzon tranchent radicalement par leur bichromie avec un Musée de la chasse et
de la nature tout en brun et bois [« Lin Utzon, Cosmic Dance », jusqu’au 14 septembre 2014].

L’artiste danoise a choisi le noir et blanc, seul à même d’exprimer son sentiment de la nature. Des sculptures de plusieurs mètres, trompes d’éléphant tournées vers le ciel, artères striées de coulures sombres, accueillent le visiteur dans la cour. À l’intérieur, des vases aux bords mous, œufs éclos, bouches d’animal, s’accumulent au sol. Des toiles isolent des morceaux de végétation en négatif – épis, graines, pollens. Noir et blanc toujours. Lin Utzon, 68 ans, est une parfaite inconnue des cimaises. Quelques clics sur Internet permettent de reconstituer sa bio. Fille du célèbre architecte Jørn Utzon, à qui l’on doit le non moins célèbre opéra de Sydney, elle fait carrière dans la décoration d’intérieur, dessine des costumes, se passionne pour la culture japonaise, travaille la céramique. Entre 2000 et 2006, elle part photographier les paysages gelés du Groenland, qui inaugurent le parcours. Ses débuts dans l’exposition sont timides. On saisit le désir de l’artiste de transcrire le mouvement vital, ses formes-ébauches, sans parvenir à en déceler les forces internes. Le potentiel de prolifération des sculptures et des toiles est endigué par des contours trop nets. Les suspensions tiennent davantage du lampion que de la constellation.

Une certaine naïveté plastique et conceptuelle finit par prendre le dessus sur la délicatesse et la jolie ambiguïté des encres de l’étage, entre vagues et cratères.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°671 du 1 septembre 2014, avec le titre suivant : Lin Utzon : attention, fragile

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