Antoine-Robert Gaudreaus - La commode du roi

Par Bertrand Dumas · L'ŒIL

Le 14 avril 2014 - 395 mots

Victoire ! La chambre de Madame, au château de Versailles, s’enrichit d’une exceptionnelle commode royale commandée
par Louis XV pour le château de Choisy.

Bronzes dorés
Le décor de laque du Japon est complété par du vernis de Paris pour les zones monochromes. Les jonctions entre ces matières sont habilement masquées d’une exceptionnelle garniture de bronze doré. Celle-ci dessine sur la façade à deux tiroirs sans traverse un décor de trois cartouches entremêlant joncs et feuilles d’acanthe. Les mêmes motifs « rocaille » sont utilisés pour le dessin des longues chutes qui relient les pieds à l’entablement de marbre en brèche violette. Les bronzes de la commode de Choisy font preuve d’une pureté et d’une recherche d’équilibre inégalées dans l’œuvre de Gaudreaus qui compte, aujourd’hui, moins de cinq meubles identifiés. Parmi eux, la célèbre commode de 1739 autrefois dans la chambre de Louis XV à Versailles est maintenant à la Wallace Collection (Londres). La présente donation opère donc une substitution inespérée. La commode a été placée dans la chambre de Madame Victoire, fille de Louis XV, qui a également retrouvé, en 2013, les vases de Sèvres à fond vert qui garnissaient la cheminée.

Donation
Ressurgie dans une collection égyptienne au XXe siècle, achetée dans les années 1960, en Italie, par le banquier Edmond J. Safra, la commode de Choisy était frappée d’interdiction de sortie du territoire italien jusqu’à ce que l’épouse du collectionneur, Lily Safra, négocie par la voie de sa fondation l’exportation du meuble à la condition expresse de l’offrir au château de Versailles.

Laque noire
Le bâti du meuble, exécuté dans l’atelier de Gaudreaus, est plaqué d’un exceptionnel décor de laque noire du Japon représentant des paysages assortis de compositions florales. Il est l’œuvre du marchand-mercier Thomas-Joachim Hébert qui est, en 1744, l’un des rares à Paris à pouvoir amincir la laque orientale pour l’appliquer sur des meubles galbés. Celle-ci proviendrait des panneaux d’un paravent offert en 1686 à Louis XIV par l’ambassadeur du roi de Siam.

Gaudreaus
Quand Antoine-Robert Gaudreaux, reçu maître vers 1706, est nommé « ébéniste du Roi » en 1726, il devient le principal fournisseur du Garde-meuble de la Couronne jusqu’à sa mort en 1746.

1744
Date de livraison de la commode pour la chambre de Louis XV au château de Choisy à Saint-Cloud. Placée ensuite dans les chambres de Madame Élisabeth puis de Marie-Antoinette, le meuble royal disparaît dans les ventes révolutionnaires.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°668 du 1 mai 2014, avec le titre suivant : Antoine-Robert Gaudreaus - La commode du roi

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