De verre l'as

Par Christian Simenc · L'ŒIL

Le 14 avril 2014 - 465 mots

Mobilier - Vous est-il déjà arrivé de vous allonger dans le vide ? C’est dorénavant possible grâce à cette chaise longue en verre imaginée par le designer allemand Konstantin Grcic.

Elle se compose de plusieurs panneaux géométriques assemblés par une colle au silicone de couleur noire. Cette dernière permet de joindre les différentes plaques de verre, tout en dessinant un délicat liseré foncé, petite entorse quasi « ornementale » à un ensemble au contraire ultra-tendu et découpé au cordeau.

Aussi étonnant que cela puisse paraître, cette colle au silicone réussit l’exploit de générer à la fois une
certaine souplesse entre les panneaux, qui bougent imperceptiblement, et une rigidité globale de l’ensemble. En outre, Grcic a introduit un système de piston à air qui rend l’assise dynamique à souhait. Lorsque l’on actionne la petite manette, le dossier se relève ou s’incline davantage. On entend même l’air se comprimer dans le piston. L’usage, au final, l’emporte sur la fragilité apparente de l’objet. Konstantin Grcic aime avant tout relever les défis. Ainsi use-t-il pour la première fois du verre pour concevoir du mobilier, un verre d’une nuance verte habituellement utilisé par l’industrie du bâtiment. Hormis quelques tables ou étagères bien statiques, les designers, en général, prennent plutôt ledit matériau avec des pincettes. Grcic, lui, a dessiné toute une collection intitulée Man Machine, du nom de l’album éponyme du groupe allemand Kraftwerk. Elle se compose de huit pièces – outre la chaise longue, une bibliothèque, une vitrine, deux coffres et trois tables – et a été mise au point dans un atelier spécialisé établi à Francfort. Chacune des pièces est donc munie d’un bouton, d’un câble, d’une charnière et/ou d’un piston à air, voire d’une manivelle pour la table. Avec les coffres, ce qui traditionnellement est dissimulé se livre ici, au contraire, à la vue de tous.

Le couvercle du grand modèle s’ouvre ou se ferme grâce à deux pistons. Idem avec la bibliothèque, où ces deux éléments mobiles réglant le passage de l’air compriment deux blocs de bois qui font office de serre-livres. Les meubles s’affichent donc sans le moindre artifice. La transparence du matériau rend, de fait, toute la mécanique visible. Une complète « mise à nu », qui, mine de rien, montre l’appétence de Grcic pour certains préceptes du modernisme et son attachement au fonctionnalisme. Non sans humour.

À SAVOIR
Né à Munich (Allemagne) en 1965, Konstantin Grcic a fondé sa propre agence (Konstantin Grcic Industrial Design) en 1991, dans cette même ville.
www.konstantin-grcic.com

À VOIR
Toutes les pièces en verre de la collection Man Machine sont visibles dans l’exposition éponyme qui a lieu, jusqu’au 17 mai, à la Galerie Kreo, 31, rue Dauphine
Paris-6e. La fourchette des prix s’étale entre 18 000 euros, pour la table d’appoint, et 90 000 euros, pour la table haute

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°668 du 1 mai 2014, avec le titre suivant : De verre l'as

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