Paris et Bruxelles, pôles d’excellence de l’art tribal

Par Marie Potard · L'ŒIL

Le 20 mars 2014 - 670 mots

Paris accueille une nouvelle foire consacrée aux arts premiers,
Paris Tribal. Quelles sont les incidences de ce nouvel événement sur les foires existantes à Bruxelles et Paris, mais aussi sur le marché de l’art tribal ? Éléments de réponse.

En mai 2013, Pierre Moos, président du Parcours des Mondes organisé à Paris chaque mois de septembre, avait émis l’hypothèse de créer un deuxième événement au printemps, calqué sur celui de la rentrée. Certains marchands, n’y étaient pas favorables : « Deux événements, c’est trop. Comment trouver la marchandise ? La qualité risque de baisser », disait Alain Lecomte. Finalement, l’organisateur n’a pas donné suite à ce projet, préférant se concentrer sur le Parcours, « un rendez-vous nettement supérieur et, surtout, international ». Or, comme l’explique Lucas Ratton, « à part cette foire en septembre, il n’y a aucun autre événement spécialisé en art tribal à Paris et, comme avril est une période creuse, on s’est dit que l’on pouvait faire quelque chose entre nous, pour dynamiser le marché. C’est l’occasion pour nos collectionneurs de venir découvrir de nouvelles pièces. » Et puis, selon un autre acteur du marché, « en septembre dernier, plusieurs marchands ont rencontré de jeunes couples désireux de commencer une collection. Ils se sont dit qu’ils ne pouvaient pas attendre septembre prochain pour les revoir dans leur galerie. » C’est ainsi que 26 marchands se sont décidés à créer Paris Tribal, une manifestation à ciel ouvert organisée du 3 au 6 avril dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés.

Un événement de quartier
Si Alain Bovis est l’instigateur du projet, cela reste une initiative de marchands, non regroupés en société ou en association. C’est aussi un événement parisien, aucune galerie étrangère n’étant invitée. À la question qui brûle les lèvres, Paris Tribal est-il un Parcours des Mondes bis qui avancerait masqué ? Alain Bovis répond non. Pierre Moos, quant à lui, se dit « ravi pour ces marchands, [dont il soutient] les initiatives concernant l’art tribal ». Entre Winter B Sablon en janvier et Bruneaf en juin à Bruxelles, Parcours des Mondes en septembre et maintenant Paris Tribal en avril à Paris, la multiplication des foires a-t-elle une incidence sur le marché, les collectionneurs et les pièces ? Même si la bipolarisation Paris/Bruxelles est saine et nécessaire, pour Didier Claes, président de Bruneaf, « trop d’événements tuent l’événement. Cependant, je vois ce nouveau rendez-vous comme une opération portes ouvertes de galeries, et j’ose penser qu’avoir limité l’événement aux seuls marchands parisiens est une forme de respect pour Bruneaf, pour ne pas la concurrencer. » Car, selon Didier Claes, multiplier les événements engendre des difficultés : « Il faut trouver des pièces de qualité pour renouveler le stock, puisque présenter les mêmes pièces d’une foire à l’autre n’incite pas le collectionneur à se déplacer, tout en veillant à ne pas le fatiguer avec un agenda trop rempli. » Lucas Ratton n’y voit, quant à lui, pas d’inconvénient : « C’est un événement de quartier, un vernissage commun. Si la clientèle française se déplace en plus de la clientèle parisienne, ça sera déjà bien. » À l’inverse, multiplier les rendez-vous peut aussi rendre la place plus attractive.

Bruxelles et Paris sont les deux places fortes de l’art tribal. Elles doivent coexister et non pas lutter. Si le marché international est plutôt favorable à cette initiative, une crainte demeure : que Paris Tribal s’ouvre aux marchands étrangers. « Dans ce cas, cela ferait concurrence à Bruneaf, qui a lieu deux mois après [du 4 au 8 juin], et pourrait créer une rivalité entre marchands français et marchands belges, ce qui n’est pas souhaitable », souligne Didier Claes. Alain Bovis se veut rassurant : « Il n’y a aucune volonté d’ouvrir aux marchands étrangers. Ce n’est pas un événement qui a vocation à concurrencer une foire internationale. S’il devait prendre de l’ampleur, nul doute que cela bénéficierait aux marchands bruxellois, car, c’est classique, un collectionneur venant de loin pour quelques jours à Paris en profite toujours pour faire un saut à Bruxelles… »

La mode & les plasticiens

Une marque/un artiste

En 1965, David Bailey photographie la robe Mondrian créée la même année par Yves Saint Laurent en hommage au peintre néerlandais. L’événement fait la une des magazines. Près de cinquante ans plus tard, tandis que le photographe est exposé à la National Portrait Gallery et édite des tee-shirts imprimés de ses portraits de stars, c’est chez la marque de sportswear chic Moncler que l’on retrouve un clin d’œil à l’abstraction géométrique de Mondrian pour la saison printemps-été 2014. En quelques décennies, la citation artistique a intégré le vocabulaire de la mode, qui pioche dans le répertoire des arts visuels aussi naturellement qu’elle choisit de faire usage de tissu à carreaux ou de boutons dorés. En cherchant bien, il est tout à fait possible de décliner cette tendance sur l’intégralité de son vestiaire printemps-été.

Pour les amateurs de collaboration in vivo, une pièce de la collection née de la rencontre entre le couturier Jeremy Scott et l’artiste américain Kenny Scharf s’impose. Les autres n’auront que l’embarras du choix : les photos d’architecture de Michael Wolf ont inspiré la créatrice Mary Katrantzou qui les a adaptées en robes et en jupes plissées ; Kenzo joue avec la vague d’Hokusai utilisée comme un motif graphique sur des sweat-shirts et des caleçons assortis ; il y a des aplats façon Jackson Pollock sur les chemises blanches chez Dior Homme… Enfin, pour se chausser, on se tournera vers la marque londonienne Swear, qui commercialise une collection de souliers et baskets agrémentés de dessins de Keith Haring. Et, même sur la plage, les hommes cultiveront un look élégant en maillot de bain Orlebar Brown, à l’effigie de clichés de Slim Aarons.

Anne-Cécile Sanchez

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°667 du 1 avril 2014, avec le titre suivant : Paris et Bruxelles, pôles d’excellence de l’art tribal

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