Val d’Aoste (Italie)

Les trésors de Montserrat

Fort de Bard Jusqu’au 2 juin 2014

Par Vincent Noce · L'ŒIL

Le 20 mars 2014 - 342 mots

Le fort de Bard, à l’entrée du val d’Aoste à la frontière franco-italienne, a réussi à emprunter les chefs-d’œuvre de la collection de l’abbaye de Montserrat, jamais présentée hors d’Espagne.

À commencer par le Saint Jérôme en méditation du Caravage. Son introduction en Catalogne rehausse les mérites du père Bonaventura Ubach, qui acheta le tableau aux enchères en 1915 à Rome, pour enrichir le « musée biblique » qu’il venait d’ouvrir à Montserrat. Cet orientaliste ramenait ainsi des objets destinés à illustrer les Contes de la Bible de Palestine, Syrie, Irak ou Égypte. L’œuvre était alors attribuée à Jusepe de Ribera, « le petit Espagnol », natif de Valence, suiveur du Caravage. En 1943, l’historien d’art Roberto Longhi identifia l’œuvre comme étant celle peinte en 1605 par le Caravage pour les frères Giustiniani, sous cette lumière théâtrale qui lui est si particulière. Dans cette scène dépouillée, le manteau rouge, magistralement disposé en un mouvement tournant, n’a rien de la cape d’un prélat. C’est la couverture d’un homme luttant contre le froid du désert syrien.

Un an plus tard, l’abbé acquit un buste alors attribué au Guerchin, que Federico Zeri a depuis rendu à Luca Giordano jeune. La même année, il fit entrer dans la collection une émouvante Madone de Sassoferrato. Une forte partie porte naturellement sur la peinture régionale. Une Nativité de la Vierge permet d’apprécier l’influence flamande et italienne en Catalogne à la période gothique. De celle du réalisme social et du modernisme de la fin du XIXe se détachent les tristes Parisiennes de Ramon Casas. Un portrait de Vieux Pêcheur de Malaga montre l’extraordinaire maîtrise de Picasso à 13 ans. Ce n’est certes pas son premier essai, mais la composition porte le numéro un du catalogue raisonné Zervos. On pourrait citer un Dalí picassien de 1926, une falaise sous la tempête de Monet, une robe blanche de Sargent, un marché de Tanger de Fortuny… et un portrait de son père par Dalí. Une rareté, quand on sait combien leur relation fut durablement déchirée par le rejet du notaire de Figueras.

« Montserrat, œuvres majeures de l’abbaye »

Fort de Bard, Bard, Val d’Aoste (Italie) www.fortedibard.it

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°667 du 1 avril 2014, avec le titre suivant : Les trésors de Montserrat

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