André Fougeron, peintre engagé

Né en 1913, André Fougeron est définitivement un peintre militant, engagé aux côtés du peuple, usant de son pinceau pour dénoncer les guerres, de celle d’Espagne en 1936 au début de sa carrière à celle du Golfe en 1991. L’exposition de La Piscine rend compte de ces combats sur toiles d’un peintre incarnant le réalisme social après guerre, « subordonn[ant] savamment [le sujet] aux rapports de lignes et de couleurs ». Sa grande œuvre, présentée dans le parcours à la suite du triptyque sur L’Espagne martyre, est la série du Pays des mines. Celle-ci lui fut commandée par la Fédération du Pas-de-Calais du parti communiste français, qui conserve encore certaines toiles. Les autres sont à Moscou et à Londres, à la Tate Modern, comme son autre grande œuvre La Civilisation atlantique (1953), qui reconnut très vite l’importance du peintre dans la modernité picturale française. Peu d’œuvres sont conservées par les institutions nationales, nombreuses sont celles en mains privées. La Piscine, musée au cœur du bassin minier dans lequel résonne ces œuvres fortes et engagées, vient d’acquérir La Cuisinière endormie (1947) à l’occasion de cette rétrospective.

Une rétrospective qui tente d’arracher André Fougeron à son statut de peintre militant en mettant en avant sa recherche décorative, son intérêt pour l’art roman et le vitrail dans les cernes noirs, puis son influence sur la figuration narrative et, enfin, son détour par le pop art. Il n’en était nul besoin pour convaincre de l’importance de cet artiste qui a marqué son temps et revendiquait son militantisme jusqu’à la fin, en se méfiant toute sa vie du décoratif et de l’esthétique pure.