Good Vibrations

Par Christian Simenc · L'ŒIL

Le 19 mars 2014 - 394 mots

Mobilier - Non, il n’y a point eu de bug à l’imprimerie. Et, rassurez-vous, vous n’avez pas non plus un problème de vue.

Cette armoire en chêne baptisée Good Vibrations est l’œuvre du designer et architecte transalpin Ferruccio Laviani. Ce dernier a été missionné par la firme italienne Fratelli Boffi, spécialiste du meuble de « style Louis », notamment XV et XVI, pour « rendre le mobilier de style plus contemporain ». L’homme n’y va pas avec le dos de la cuiller et dessine une première collection au titre fleuri : F*** The Classics! Traduction : « Rien à foutre des classiques ! » Il sélectionne des meubles dans le catalogue de la marque et les perfore
de part en part, à la manière des Building Cuts chers à Gordon Matta-Clark, accentuant même la perforation en peignant la matière alentour de couleur fluo rose, jaune ou bleue. Le contraste est fatal avec le reste du meuble fait d’essence noble et de ferrures dorées. « Je voulais donner un côté punk à cet artisanat chic un peu snob », sourit, radical, Ferruccio Laviani.

L’an passé, il renouvelle l’expérience en poussant d’un cran la radicalité avec une nouvelle série intitulée Good Vibrations. « L’idée m’est venue en visionnant une vieille cassette vidéo. Le rembobinage provoque souvent ce type de distorsion de l’image. Ces interférences ont servi de base à la création d’un objet en trois dimensions », raconte le designer, lequel esquisse quelques pièces à la silhouette brouillée. Fratelli Boffi produit alors un premier spécimen : une commode basse
en bois surmontée d’un lion, dont les pieds, la façade et le fameux animal donnent l’impression de vibrer visuellement. Ainsi pouvait-on se faire une idée de cette recherche sur la « distorsion ». Place aujourd’hui à un morceau de bravoure à la complexité accrue : l’armoire Good Vibrations. Sa silhouette aux étranges contorsions affiche une esthétique qui n’est pas sans évoquer les joyeuses manipulations dues aux logiciels de retouche en vogue dans le milieu de la photographie. L’entreprise Fratelli Boffi, elle, a relevé le défi de fabriquer l’objet. Trois mois et une palanquée d’algorithmes
ont, paraît-il, été nécessaires pour décomposer au mieux l’ensemble en plusieurs « morceaux ». Ne reste plus maintenant qu’à une machine Computer Numerical Control, en l’occurrence une fraiseuse sophistiquée, à réaliser ce travail de taille extrême. Le résultat est attendu incessamment sous peu.

À SAVOIR Depuis 1991, Ferruccio Laviani est directeur artistique de la firme italienne Kartell, spécialisée dans le mobilier en plastique. Outre des objets, telle la lampe Bourgie, il a dessiné nombre de boutiques et de stands pour les salons à travers le monde.

À VOIR Né à Crémone (Italie) en 1960, Ferruccio Laviani est diplômé du Politecnico de Milan, en 1984 en design et en 1986 en architecture.
Ancien collaborateur du designer Michele De Lucchi, il a ouvert sa propre agence, en 1991, à Milan.
Sa production est visible sur son site : www.laviani.com

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°667 du 1 avril 2014, avec le titre suivant : Good Vibrations

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