Paris - Politique

7 bonnes raisons de voter aux municipales

Par Christine Coste · L'ŒIL

Le 19 février 2014 - 1546 mots

PARIS

Si la politique culturelle ne rentre pas dans les premiers critères de choix d’un électeur, il n’en demeure pas moins que les villes sont, ou peuvent être, des acteurs puissants de démocratisation culturelle et de soutien à la scène artistique contemporaine. Leurs rôles en 7 clés.

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1 Les villes sont  les premiers financeurs de la culture  devant l’État
« Au milieu des années 2000,  les collectivités territoriales avec 7 milliards d’euros ont un poids financier plus de deux fois supérieur au seul budget du ministère de la Culture », rappelle Philippe Poirrier, historien spécialiste de l’histoire culturelle de la France contemporaine dans son article sur « Les collectivités territoriales et la culture », paru dans Politiques et pratiques de la culture (La Documentation française). « Les villes conservent la première place avec 4,357 milliards d’euros de dépenses pour les communes de plus de 10 000 habitants (soit en moyenne 8,1 % de leur budget), devant les départements (1,3 milliard d’euros, 2,2 %) et les régions (556 millions d’euros, 2,5 %). » Sur ces 4,357 milliards, les dépenses de fonctionnement représentent 3,389 milliards, les investissements 968 millions d’euros, les charges de personnels absorbant 58 % des dépenses (Statistiques de  la Culture 2013 pour l’année 2006).
D’une commune à une autre, toutefois, les écarts demeurent importants si on se réfère au Palmarès 2013 des grandes villes du Journal  des Arts. Hors Paris, Strasbourg arrive  en tête des dépenses consacrées à la culture par rapport à son budget avec un taux de 24,3 %, suivie de Nancy (23,7 %), Dijon (23,4 %), Lyon (20 %) et Bordeaux (19,8 %). Caen (7,7 %), Metz (6,4 %) ou Montpellier (3,6 %) sont loin derrière. La poursuite de la baisse des dépenses d’investissement des collectivités, perceptible en 2009 et 2010, mais qui subit en 2011  une nouvelle dégradation très nette (-22 %), est toutefois inquiétante.

2 Les municipalités sont des acteurs importants de la démocratisation culturelle
Si bibliothèques, conservatoires et musées municipaux sont des acteurs actifs de la démocratisation culturelle, la baisse des dépenses d’investissement concerne surtout de manière générale les conservatoires et les bibliothèques. Pour ne prendre que ces dernières, les dépenses totales des collectivités enregistrent une baisse globale de 4,5 % entre 2010 et 2011, priorité étant donnée aux dépenses de fonctionnement et de personnel. « La poursuite de cette tendance remettrait très vite en cause les acquis du mouvement de modernisation de notre réseau de lecture publique quasiment constant depuis la fin  des années 1970 », s’inquiète Nicolas Georges, directeur chargé du livre et de la lecture au ministère de la Culture dans le bilan de l’activité 2011 des bibliothèques municipales. Pour repère : sur la période 2005 à 2011, le montant moyen du budget d’investissement des bibliothèques a été de 485 euros à 374 euros après avoir bénéficié d’une pente  ascendante jusqu’en 2007 pour atteindre 681 euros avant de connaître une baisse constante.

3 Elles sont en première ligne pour la protection et la valorisation du patrimoine
Les communes financent plus  de la moitié des dépenses liées à la restauration du patrimoine, le reste se partageant entre le département, la région et l’État (source Agence régionale du patrimoine/Étude nationale des retombées économiques et sociales du patrimoine). Disposer d’un centre-ville doté de sites et de demeures historiques est un atout que l’on entretient et que l’on ouvre au public lors d’expositions ou de manifestations comme Les Journées du patrimoine. Lyon, Bordeaux, Lille, Strasbourg, Nancy, Toulouse, Le Havre, Reims, Amiens, qui bénéficient de sites classés au patrimoine mondial de l’humanité de l’Unesco, sont des villes particulièrement actives en la matière. Leur politique patrimoniale est avec les musées l’une des marques principales de leur dynamique culturelle. Les villes sont d’ailleurs de plus en plus nombreuses à concourir pour l’obtention ou l’extension de leur classement au titre de « Ville ou Pays d’art et d’histoire » dont le réseau s’élève désormais à 179. Parmi les dernières en date : Strasbourg, Caen, Aix-les-Bains et Belfort. Quant à la future loi du Patrimoine, qui devrait être votée après les élections municipales, elle prévoit de lancer  une nouvelle campagne de labellisation (en particulier pour  le patrimoine du XXe siècle). Elle envisage aussi de simplifier la réglementation patrimoniale et de hiérarchiser les protections et les règles d’urbanisme.

4 Les villes sont au cœur du développement des musées municipaux
Bien que soumis à la rigueur et aux efforts budgétaires, les musées sont en général, avec le patrimoine, les plus épargnés par les coupes budgétaires. Leur rénovation, agrandissement ou refonte complète dans un nouveau bâtiment, fait plus que jamais partie des stratégies culturelles de certaines villes, convaincues de leur contribution au rayonnement et à la renommée de leur cité. Marseille, qui négligeait ses musées depuis quelques années, l’a rapidement compris quand elle a reçu le Label  de Capitale européenne de la culture  en investissant dans la restauration ou la refonte complète de trois  de ses grands musées et l’ouverture du Musée des arts décoratifs. La constance de villes comme Lyon, Grenoble, Strasbourg, Angers, Nancy, Roubaix ou Issoudun en matière de soutien au développement de leurs musées a permis à ces derniers de renforcer encore davantage leur rayonnement national et international, que ce soit au niveau de la qualité de leur programmation, ou dans l’enrichissement de leurs collections.

5 Des moteurs dans l’éducation artistique et culturelle
Là encore « une grande diversité touche les villes », constate l’enquête récente menée par l’Association des maires des grandes villes de France (AMGF) dans onze grandes villes (Amiens, Brest, Grenoble, Lyon, Metz, Montpellier, Nancy, Nice, Orléans, Toulouse et Strasbourg). « Si Nancy déclare 6 millions d’euros pour son pôle Culture animations, auxquels s’ajoutent près de 2,5 millions en subventions, Brest consacre 94 000 euros aux actions culturelles hors subventions, quand Grenoble investit à hauteur de 315 000 euros dans la masse salariale consacrée à l’éducation artistique et culturelle dans les écoles. »
Quant au nombre d’élèves bénéficiaires d’un parcours culturel et artistique, il est passé pour repère à Toulouse de 3 000 à 20 000 élèves en cinq ans et de 60 000 à 105 000 à Nice en trois ans. Lyon, Nantes et Strasbourg disposent et financent par ailleurs des écoles supérieures d’art aussi bien notées que celles de Paris, leur réputation conduisant de plus en plus de jeunes à venir y étudier, voire à s’y s’installer en raison des coûts modestes pour se loger et subvenir à ses besoins ; attractivités diverses qui renforcent leur identité de villes étudiantes.

6 La culture est une source d’emplois et de revenus 
Si la culture peut être un vecteur de changement d’image pour une ville (cas de La Piscine à Roubaix ou, plus récemment, de Marseille) ou participer à sa dynamique (cas de Lyon, Strasbourg, Grenoble, Nantes, Sète ou Issoudun), elle est aussi une source d’emplois directs et indirects  et de revenus. En 2011, les analyses économétriques de Tera Consultants menées pour le Forum d’Avignon estimaient qu’un euro d’investissement culturel public d’une ville se traduit par 33 euros de PIB par habitant. L’événementiel culturel (Lille 3000, Voyage à Nantes, Fête des lumières et Biennale d’art contemporain à Lyon ou Rencontres de la photographie à Arles) jouent, à ce titre, un rôle prépondérant. Marseille aurait recueilli six fois les sommes investies par le public et le privé en retombées économiques.

7 Les villes apportent un soutien précieux à la création contemporaine et à sa visibilité
Le Magasin à Grenoble, La Criée à Rennes ou Les Abattoirs de Toulouse n’auraient pu exister et se développer sans l’impulsion et/ou le soutien municipal. Leur réputation participe à la renommée culturelle de la ville. Garder ou favoriser une scène artistique émergente passe aussi par la création ou le développement d’ateliers d’artistes et de résidences. En matière d’ateliers d’artistes, Lyon Bordeaux, Rennes, Metz ou Rouen sont les villes les plus dynamiques, même si leur nombre reste encore largement insuffisant par rapport aux besoins. L’art contemporain s’inscrit par ailleurs de plus en plus dans les réaménagements urbains (cas de Lyon avec les rives de la Saône) ou le long des nouvelles lignes de tramway (Bordeaux, Nice, Brest, Strasbourg).

36 767 communes en 2013 (dont 36 552 en métropole)

86 % des communes ont moins de 2 000 habitants

4,357 milliards d’euros dépensés pour la culture par les communes de plus de 10 000 habitants dont :
1,663 milliard est consacré à la conservation et à la diffusion des patrimoines
1,649 milliard est réservé à l’expression artistique (y compris la formation)
793 millions vont à l’action culturelle
252 millions vont aux services communs
Source : Statistiques de la Culture, chiffres clés, Chantal Lacroix, Edition 2013, La documentation Française, données 2006.

11 communes ont une population supérieure à 200 000 habitants

Sur les 1 044 Musées de France en 2010
82 % appartiennent aux collectivités locales
13 % appartiennent à des associations et à des fondations
5 % appartiennent à l’État

1,663 milliard d’euros est dépensé par les municipalités pour la conservation et la diffusion des patrimoines, dont :
866 millions sont absorbés par les bibliothèques et médiathèques
485 millions par les musées
240 millions par l’entretien du patrimoine culturel
73 millions par les archives
Source : Statistiques de la Culture, chiffres clés, Chantal Lacroix, Edition 2013, La documentation Française, données 2006.

La France compte 179 Villes et Pays d’art et d’histoire

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°666 du 1 mars 2014, avec le titre suivant : 7 bonnes raisons de voter aux municipales

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