Lumineux cumulus

Par Christian Simenc · L'ŒIL

Le 18 février 2014 - 511 mots

LUMINAIRE - On ne sait si la météo pas très folichonne de l’année 2013 y est pour quelque chose, le fait est qu’une des thématiques, sinon des obsessions, partagées l’an passé par un grand nombre de créateurs fut le… nuage.

Ainsi, côté artistes, la grande exposition estivale et en partie automnale du Musée Réattu, à Arles, a réuni cinquante-sept plasticiens et quelque cent vingt œuvres sur le thème du… « Nuage ». Côté designers, le trio suédois Front a, en décembre, imaginé pour le glacier américain Häagen-Dazs une bûche de Noël  en forme de… cumulus. Bref, cet « amas de vapeur d’eau  en suspension dans l’atmosphère », selon Le Robert, inspire indubitablement. Philippe Nigro, 39 ans, est bien placé pour le savoir. Depuis qu’il a été désigné, en janvier, « Créateur Now ! Design à vivre 2014 », au salon professionnel Maison & objet, le designer est sur un petit nuage. Il est vrai qu’il avait déjà pris une avance certaine avec cette lampe conçue pour le fabricant de luminaires italien Foscarini et baptisée justement… Nuage. Plus qu’un cumulus solitaire, il s’agirait plutôt, ici, d’une suite de « nuages » qui s’amoncellent.  La lampe arbore, en effet, un diffuseur constitué de cinq éléments à la forme irrégulière et organique, en polycarbonate et ABS. Ces derniers sont striés de lamelles obliques dont l’inclinaison a été étudiée pour éviter  un éclairage direct et, au contraire, filtrer la lumière  « en reprenant un peu l’effet des branches et des feuilles  d’un arbre qui atténuent les rayons du soleil », dixit l’auteur. Qu’elle soit allumée ou éteinte, son impact visuel est indéniable. Outre la possibilité de l’utiliser seule, on peut aussi s’amuser à multiplier les modules, sur un mur ou  au plafond, afin de créer une composition. La trame tridimensionnelle créée par la superposition des lamelles obliques génère une infinité d’effets lumineux et/ou optiques, lesquels se renouvellent en fonction de la position de l’observateur. « Inspirée de l’Optical Art des années 1960, Nuage illustre bien comment un mouvement artistique d’avant-garde réussit à enthousiasmer le grand public  et à contaminer le design, la mode et le spectacle, explique Philippe Nigro, ajoutant un brin lyrique : « Nuage est un effet d’optique sur la paroi, une grille graphique qui change selon les points de vue, un tableau tridimensionnel qui éclaire l’espace et l’esprit, créant une émotion unique, toujours différente ». Pour peu, le designer se ferait poète : « J’aime  les nuages… les nuages qui passent… là-bas… là-bas…  les merveilleux nuages ! », écrit Charles Baudelaire, dans L’Étranger, poème liminaire du livre Petits Poèmes en prose.

À SAVOIR

L’an passé, au Salon du meuble de Milan, Philippe Nigro a créé la sensation en dévoilant une collection de neuf pièces ou meubles, de cuir et de bois, intitulée Les Nécessaires et imaginée pour la maison Hermès.

À VOIR

Né à Nice en 1975 et diplômé de l’École Boulle, à Paris, Philippe Nigro a œuvré durant 15 ans dans l’atelier du maestro milanais Michele De Lucchi, avant de voler de ses propres ailes. Sa production est visible sur son site : www.philippenigro.com

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°666 du 1 mars 2014, avec le titre suivant : Lumineux cumulus

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