Jean Paul Gaultier, l’enchanteur

Dès l’entrée du parcours, le ton est donné : découvrant avec délectation toutes les subtilités de la marinière, on croise soudain la silhouette du créateur « frenchy » s’adressant au visiteur de son anglais « exotique » et bourré de fantaisie. Mais au-delà de l’artifice (des projections audiovisuelles sur les visages des mannequins les rendent incroyablement « vivants »), c’est surtout la cohérence et la sophistication de l’univers visuel du couturier qui éclatent au grand jour. Car, loin d’être un simple « apprenti sorcier » déjouant les codes de l’élégance pour mieux les réinventer, Jean Paul Gaultier apparaît ici comme un génie protéiforme qui fait feu de tout bois. De l’univers ouaté et coquin des boudoirs aux stridences rock et punk, en passant par les influences ethniques et la jungle urbaine des mégalopoles, « l’enfant terrible » de la mode a tout humé, regardé, mixé, sublimé. Moins destinées à choquer qu’à repousser les frontières des genres, ses créations sont devenues des icônes, comme ces soutiens-gorge futuristes en forme de cônes ou ces longues jupes destinées aux hommes. À Brooklyn où plus rien ne surprend, Gaultier a bel et bien des allures de visionnaire…