Un peu de Provence à deux pas de Paris

Ces maîtres ont créé de puissantes images qui vibrent encore à nos yeux. Pourtant, ces génies de la peinture moderne n’ont pas inventé le paysage provençal. Cette image de plein soleil se forge grâce aux artistes provençaux initiateurs du genre et aux contacts qu’ils établissent avec les peintres d’autres régions. En véritables défricheurs, ils contribuent à des degrés divers à la genèse des découvertes esthétiques des grands maîtres.

Aux sources de cette lecture provençale, il y a l’école de Marseille, donnant naissance à la première génération de peintres naturalistes avec Émile Loubon, artiste novateur, Paul Guigou et Félix Ziem, alchimiste de la lumière. La génération suivante voit les couleurs pures de Monticelli, qui ont fasciné Van Gogh, et la lumière plus crue d’Olive. La dernière vague, dite des « fauves provençaux », avec Camoin, Chabaud, Seyssaud et Verdilhan, renversera tous les codes établis et donnera au paysage sa couleur explosive. Grâce à ces multiples passerelles, les monstres sacrés de l’avant-garde, Dufy, Manguin, Valtat, Marquet, Picabia, Signac, Friesz et d’autres convergeront vers le fief de la modernité picturale. Sous son immense verrière, l’Atelier Grognard de Malmaison prend des airs « beaubourgriens » pour présenter plus de quatre-vingt-dix œuvres représentatives de ces maîtres provençaux, dont soixante-quatorze prêtées par la Fondation Regards de Provence. Les murs ont revêtu, pour la circonstance, les couleurs franches jaune, rouge, vert, bleu de la modernité. C’est gai comme le soleil de Provence.