boîtes à secrets

Casse-tête nippons

Par Christian Simenc · L'ŒIL

Le 16 janvier 2014 - 458 mots

Certains objets conservent parfois leur mystère. Ainsi en est-il des boîtes à secrets, telle cette série
de cinq pièces imaginée par les designers Boaz Cohen (Israël, 35 ans) et Sayaka Yamamoto (Japon, 29 ans) et intitulée Origin, Part IV : Foster.

Ce qui saute aux yeux, de prime abord, c’est l’incroyable virtuosité de la facture. On dirait des sculptures, d’autant que leur fonctionnalité est, de fait, dissimulée. Ce travail résulte de la collaboration du duo israélo-nippon avec Ibuki, organisation à but non lucratif basée à Sonobe, ville de la région de Kyoto, constituée de jeunes maîtres artisans aux disciplines variées dont le but commun est de préserver les artisanats traditionnels du Japon par l’enseignement et la pratique. « Notre désir était de développer des concepts de design qui défieraient l’habileté des artisans, tout en demeurant purs dans l’esthétique et pratiques dans l’utilisation », expliquent Boaz Cohen et Sayaka Yamamoto. Lors de leur séjour à Sonobe, ils ont ainsi œuvré avec deux experts ès bois, Kenta Kuzuhara et Koso Sumitani. « Trois facteurs nous ont amplement inspirés, racontent les designers : la beauté des matières, l’honnêteté des techniques, sans oublier… l’enthousiasme des maîtres d’Ibuki : leur attention au détail et leur empressement à apprendre et à être étonnés par les possibilités de leur métier sont des qualités que nous voulions “imprimer” dans cette série. » Ces cinq boîtes sont réalisées en un cèdre typique de Kyoto, l’une des essences les plus prestigieuses du Japon paraît-il : le Kitayama Sugi. La surface de chacune d’elle est traitée avec du fuki-urushi, une laque d’Urushi semi-transparente qui, à la fois, obscurcit le bois et met en évidence la beauté naturelle du grain. Pour souligner davantage encore le caractère prestigieux de l’emploi du Kitayama Sugi, chaque boîte arbore une « tranche » brute non dessinée, tel un hommage à la tradition et à l’exclusivité dudit matériau.

Les pièces sont fabriquées selon les méthodes de menuiserie kyotoïtes, c’est-à-dire que les articulations sont cachées à l’intérieur, donc invisibles de l’extérieur. D’où cette agréable confusion qui fait leur attrait : on les croit élémentaires quand ces boîtes recèlent moult détails qui sont la marque du travail sur bois traditionnel japonais. Leurs dimensions, uniques, sont un éloge à l’asymétrie. Chacune d’elles s’ouvre, en outre, de façon distincte et fonctionne autant comme un lieu pour y conserver des objets précieux que comme une « micro-scène » pour y dévoiler les trésors habituellement enfermés à l’intérieur. 

À VOIR

Autre projet qui retient l’attention : le service de table en verre soufflé In Between. Il est constitué de verres, de bols, d’assiettes et d’accessoires fabriqués selon six degrés d’opacité, du transparent au blanc. Plutôt que le sablage, la gradation est réalisée en variant les quantités de pigment blanc pendant le soufflage.

À SAVOIR

Après avoir passé leur diplôme à la Design Academy d’Eindhoven, Boaz Cohen et Sayaka Yamamoto ont fondé, en 2007, leur agence, baptisée BCXSY. www.bcxsy.com

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°665 du 1 février 2014, avec le titre suivant : Casse-tête nippons

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