Vincent Cunillère Duos d’ateliers

L’atelier, lieu privé, lieu d’expérience, fait pénétrer le regardeur dans l’univers secret de la création, dans l’intimité de l’artiste et de ses œuvres. La démarche de Vincent Cunillère a ceci de particulier qu’elle propose un véritable travail à quatre mains : il photographie l’artiste, peintre ou sculpteur, dans son atelier, et ce dernier intervient à son tour sur la photographie dans un espace donné. Son geste apparaît alors à la surface de la photographie comme une signature ultime. Il peut se passer parfois plusieurs années entre la rencontre initiale et l’œuvre achevée. Travail patient d’un photographe « qui cherche cette adéquation entre un homme et son univers ».

Depuis 1995, quarante-quatre artistes se sont ainsi prêtés à ce dialogue esthétique. Certains ont aujourd’hui disparu, donnant à ces œuvres une valeur documentaire indéniable. Celle de Jean Capdeville, émouvante entre toutes, est restée vierge, l’artiste estimant qu’elle se suffisait à elle-même. Avec Marc Champieux, Cunillère tente de porter le mystère en pleine lumière à travers les belles fulgurances de sa peinture sans concession. Hervé di Rosa était trentenaire quand Cunillère l’a photographié dans son atelier de Balaruc-les-Bains. Viallat, dérogeant à la règle, envahit l’intégralité de la toile pour donner, dit-il, « plus de force à la chose dite ». Quant à Valentine Shlegel – l’une des deux artistes femmes parmi quarante-deux hommes ! –, elle pose pensive, entre son chat Jojo et le buste de Jean Vilar qui se trouve à présent au Musée Paul Valéry, lieu de cette exposition.