Meg Stuart, danse à haut risque

Par Céline Piettre · L'ŒIL

Le 22 novembre 2013 - 322 mots

Sketches/Notebook, la nouvelle création de la chorégraphe américaine installée à Bruxelles Meg Stuart, porte bien son nom.

On y esquisse des formes, on y couche ses idées comme dans un journal de bord à visée créatrice. Les neuf artistes invités pour l’occasion – des performeurs, musiciens, vidéastes, une styliste et un scénographe – montent tous sur scène avec leur matériel – corps, costumes, lumières, écrans de projection, pierres précieuses. On se déplace et on déplace des choses, comme on mettrait la pensée en mouvement. On teste. On se confronte les uns aux autres, en se tâtant fébrilement le visage ou en s’amalgamant en un corps collectif dont les membres peinent à se mouvoir ensemble sans parvenir toutefois à se séparer – la question du rapport à autrui irrigue toute l’œuvre de Meg Stuart. Entre deux expérimentations visuelles sur le clair et l’obscur et le spectre lumineux, entre deux investigations corporelles, Sketches/Notebook révèle des éclats de création bruts, mettant sur le même plan le croquis et l’œuvre achevée.

Meg Stuart a une réputation de chorégraphe « ardue ». Du temps où elle était encore programmée au Théâtre de la Ville, certains abonnés rayaient automatiquement son nom de leurs choix annuels. Ce n’est pas la peine de le taire, elle l’a déclaré elle-même, à l’occasion de la remise de son Konrad-Wolf Prize en 2012 : « Je suis quelqu’un qui crée parfois des pièces difficiles. » Mais il ne faut pas en avoir peur. À chaque nouvelle production, que ce soit un projet pour grand plateau tel Do Animals Cry, qui s’immisce au cœur de la famille pour en fissurer le noyau, ou un format plus modeste, comme ici, Meg Stuart se challenge, et nous entraîne avec elle dans une expérience immédiate. Le spectateur, elle le veut engagé, tout près de l’œuvre, et loin de sa zone de confort, partageant avec les performeurs les risques, plastiques et chorégraphiques, qui se prennent sur scène.    

Quoi ?
Sketches/Notebook, spectacle de Meg Stuart

Où ?
Au Centre Pompidou, grande salle

Quand ?
Du 11 au 14 décembre 2013, à 20 h 30

Comment ?
www.centrepompidou.fr

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°663 du 1 décembre 2013, avec le titre suivant : Meg Stuart, danse à haut risque

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