Camille Corot illumine le Nord

« Le pays est un peu ingrat », aurait déclaré l’intéressé en découvrant les contrées septentrionales ; pourtant au fil de ses multiples séjours, le peintre apprend à aimer Arras, Douai, les marais d’Arleux et les plages de Boulogne-sur-Mer. Sans oublier la lumière si particulière qui nimbe les paysages du Nord, qu’il retranscrit avec une précision quasi scientifique. Ciels délavés, menaçants ou cotonneux, lumière froide ou tamisée, Corot déploie ainsi une palette extraordinairement riche pour rendre compte de la diversité des atmosphères dans lesquelles il travaille.

À travers cent trente œuvres, dont plusieurs inédites et prêts exceptionnels, l’exposition nous emmène sur les traces de l’artiste dans le Nord-Pas-de-Calais et raconte l’aventure humaine et artistique qu’il y vécut avec les membres de l’école d’Arras, avec qui il peignit sur le motif. Témoignage de ces séances de travail en commun, les trois versions de Moulin à Saint-Nicolas-lez-Arras exécutées simultanément par Corot, Paul Bellon et Charles Desavary, et réunies pour la première fois depuis leur réalisation. Intelligemment, cette belle exposition s’achève sur les clichés-verres de Corot, pratique inventée à Arras, entre autres, par son ami Dutilleux, illustrant que l’émulation entre ces artistes ne s’est pas faite qu’à sens unique.