Tours (37)

Vincent, entre Fragonard et David

Musée des beaux-arts Jusqu’au 19 janvier 2014

Par Bertrand Dumas · L'ŒIL

Le 19 novembre 2013 - 321 mots

Quarante-trois ans de purgatoire, c’est long. Mais la sortie n’en est que plus belle ! C’est l’expérience posthume vécue par le peintre François André Vincent (1746-1816) dont la redécouverte reposait depuis 1970 sur les recherches pionnières de Jean-Pierre Cuzin qui signe, en 2013, une imposante monographie sur l’artiste incluant un catalogue raisonné éditée chez Arthena.

Cette publication est saluée par une première exposition au Musée des beaux-arts de Tours, qui rassemble une centaine d’œuvres de l’artiste qui fut l’élève de Vien et l’un des plus brillants rénovateurs de la peinture française au tournant des XVIIIe et XIXe siècles. À cette époque charnière où se heurtent deux mondes stylistiques, celui de Fragonard, le galant, et celui de David, l’austère, Vincent se fraie un chemin parallèle, au point que ses œuvres furent souvent confondues avec celles de ses contemporains. Or la présente exposition révèle que l’artiste, grand prix de Rome de 1768, fut bien plus novateur que suiveur, et cela dans bien des domaines. Celui de la peinture d’histoire notamment, avec son Bélisaire de 1777, exemple précurseur des sujets à l’antique et, surtout, avec son Président Molè saisi par les factieux de 1779, dont le thème national anticipe la vogue romantique pour l’histoire de France.

Une des plus brillantes contributions de Vincent à l’art de son temps fut dans le genre du portrait. Une évidence qui s’impose dès 1767 avec son Autoportrait, qui pourrait être antérieur aux figures de fantaisie de Fragonard auxquelles il fait immédiatement penser. Inédit, le Portrait d’une jeune femme avec un chien sur ses genoux (1793) est une des belles découvertes, qui rivalise de réalisme avec les chefs-d’œuvre de David et de grâce avec les portraits d’Adélaïde Labille-Guillard, son élève, qui deviendra son épouse en 1799. Enfin, des dessins par dizaines, d’une inspiration et d’une sûreté de trait rarement égalées, sont l’un des must de cette célébration tourangelle qui se prolongera, après février 2014, au Musée Fabre de Montpellier.

« François André Vincent, un artiste entre Fragonard et David »,

Musée des beaux-arts de Tours, 18, place François-Sicard, Tours (37), www.mba.tours.fr

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°663 du 1 décembre 2013, avec le titre suivant : Vincent, entre Fragonard et David

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