Les coups de cœur de Philippe Piguet

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 19 novembre 2013 - 324 mots

À l’église Saint-Just

Tom Sachs, Barbie Slave Ship (Le Bateau d’esclaves de Barbie), 2013
Mais que diable est-il allé faire dans cette église ? Il nous y raconte l’histoire de l’esclavage et pour ce, il y a implanté en pleine nef la maquette d’un navire de ligne du XVIIIe, le Victory, qui en est une superbe métaphore. On se laisserait prendre au pur plaisir esthétique de l’objet si ce n’était que, dès qu’on s’en approche, on y découvre tous les signes des travers de notre société de consommation. Tom Sachs a empli son navire de poupées Barbie, d’armes et d’outils en tous genres, de bouteilles spiritueuses, bref autant d’éléments par lesquels il dénonce les mythes d’une culture américaine qui se veut hégémonique.

À la Sucrière

Gabriela Fridriksdóttir, Crepusculum Sculpture, 2011
Quelque chose de féerique est à l’œuvre dans l’installation multimédia que l’artiste islandaise a réalisée pour la biennale. S’offrant à voir dans la pénombre, à l’heure du crépuscule, elle est constituée de différents éléments qui en font comme un poème. Une forme protectrice aux allures de citrouille que traverse une rivière de sable ponctuée de fragiles bouteilles de verre soufflé. Un fond sonore. Une projection vidéo au motif incertain. Des dessins. Un texte. Inspirée du folklore islandais et des grandes mythologies nordiques, l’œuvre de Fridriksdóttir instruit les termes d’un récit ouvert à l’imaginaire de chacun.

Fabrice Hyber, Prototype de paradis, 2013
On savait l’artiste passé maître en matière d’hybridation. Son œuvre en procède jouant de la matière et de l’alchimie de ses composants au cœur d’un dialogue entre science et art. Féru de prototypes en tous genres, il n’avait pas encore eu l’occasion d’en imaginer un du paradis. C’est fait. Il l’a enclos à l’intérieur d’une simple construction rectangulaire dont une clef donne évidemment l’accès. L’espace s’y reflète à l’infini par un jeu de glaces en vis-à-vis au milieu d’une nature factice, habitée par une foule de petits hommes verts. Comme une autobiographie de son œuvre.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°663 du 1 décembre 2013, avec le titre suivant : Les coups de cœur de Philippe Piguet

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