Musée

Villeneuve-d’Ascq (59)

Le siècle de Kahnweiler

LaM – Lille métropole Musée d’art moderne, d’art contemporain et d’art brut Jusqu’au 12 janvier 2014

Par Colin Cyvoct · L'ŒIL

Le 17 octobre 2013 - 336 mots

Il est toujours passionnant de redécouvrir les moments clefs où l’histoire de l’art bascule. En choisissant la figure centrale du galeriste Daniel-Henry Kahnweiler (1884-1979), le LaM offre pour son trentième anniversaire un parcours de premier ordre.

« Découvreur » du cubisme, fidèle marchand de nombreux artistes parmi les plus importants de la première moitié du XXe siècle, tels Pablo Picasso, Georges Braque, Juan Gris, André Derain, Fernand Léger, André Masson ou le sculpteur Henri Laurens, tous présents dans cette généreuse exposition, Kahnweiler fut véritablement « le » galeriste de la « modernité ». Mais son parcours ne fut pas précisément un long fleuve tranquille. De nationalité allemande, le galeriste parisien subit les aléas de l’histoire et interrompit ses activités durant les deux guerres mondiales. La Galerie Kahnweiler dut pour survivre prendre successivement les noms de Galerie Simon puis de Galerie Louise Leiris.
Plus d’une centaine de pièces majeures (peintures, dessins et sculptures) retracent de larges pans de l’aventure mouvementée de la naissance de l’art moderne. Nature morte espagnole, Sol y Sombra (1912) de Picasso, La Guitare (mai 1913) de Gris, La Grappe de raisin (1929) de Léger, illustrent avec forte intensité l’une de ces périodes historiques bénies des muses où l’esprit et les sens parviennent à un si rare acmé. Un vrai régal ! Mais quelle idée d’avoir peint en jaune moutarde foncé certaines cimaises, laissant les autres murs d’un blanc éclatant ! Certains tableaux comme Violon et compotier (1925) de Gris ou, dans une autre salle, Course de taureaux (22 juillet 1934) de Picasso ne s’en trouvent pas véritablement magnifiés !

En résonance avec ce parcours, une autre exposition, « Des figures des visages » [jusqu’au 15 décembre 2013], développe de vifs contrepoints dans les salles d’art contemporain. Corps tourmentés, corps majestueux, de très tendus fusains d’Eugène Dodeigne, de frémissantes toiles d’Eugène Leroy ou Crâne de bête écorchée (1957) d’Arthur Van Hecke, parmi près de quatre-vingt-dix œuvres de la collection Masurel, un collectionneur ami et client de Kahnweiler, saisissent le spectateur en toute tranquille inquiétude.

« Picasso Léger Masson. Daniel-Henry Kahnweiler et ses peintres »,

Lam – Lille métropole Musée d’art moderne, d’art contemporain et d’art brut, 1, allée du Musée, Villeneuve-d’Ascq (59), www.musee-lam.fr

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°662 du 1 novembre 2013, avec le titre suivant : Le siècle de Kahnweiler

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