Paris 8

Jordaens parmi les grands

Petit Palais jusqu'au 19 janvier 2014

Par Bertrand Dumas · L'ŒIL

Le 14 octobre 2013 - 339 mots

Si Paris était une fête du temps d’Hemingway, Anvers ne l’était pas moins à l’époque de Jacob Jordaens (1593-1678), si l’on s’en tient à ses célèbres et truculentes scènes de banquet de famille, qui ont fixé dans l’esprit collectif le souvenir d’une société flamande triviale et opulente.

Jordaens, la gloire d’Anvers ? Oui ! Mais pas uniquement pour ses versions comiques du Roi boit ! C’est la démonstration qu’apporte le Petit Palais en convoquant, pour la première rétrospective de l’artiste en France, plus de cent vingt œuvres dont la réunion tord le cou aux stéréotypes en révélant un œuvre aux ambitions supérieures.

Au seuil de la trentaine, Jordaens se fait déjà une haute idée de sa dignité. Preuve de son désir de reconnaissance, son Autoportrait de 1621, prêt exceptionnel du Prado, est en pied plutôt qu’à mi-corps. Une formule réservée aux portraits d’aristocrates, que Jordaens transgresse pour s’aligner sur le statut de peintre virtuose alors monopolisé par Rubens. Pour rivaliser avec son maître et son rival, Jordaens doit aussi s’imposer comme peintre d’histoire. Ce qu’il fait, dès les années 1620, en signant plusieurs chefs-d’œuvre aux accents caravagesques tels que La Sainte Famille, venue des USA, ou le Sacrifice d’Isaac, prêté par la Pinacothèque de Brera.

Dans le domaine de la peinture profane, Jordaens aborde tous les thèmes. Il innove avec son Mercure et Argus, qui introduit à Anvers Les Métamorphoses d’Ovide. Réinterprétant l’héritage antique avec Les Filles de Cécrops, il atteste son érudition et démontre sa maîtrise du langage allégorique qu’il déploie dans ses décors de demeures princières ou de festivités urbaines. Il peint de rares mais sublimes portraits de ses contemporains, réunis en une section indépendante de l’exposition. D’autres sont réservées aux dessins, certains aquarellés confirmant ses dons de coloriste et de concepteur de vastes compositions qui, au terme de l’exposition, achèvent de convaincre que Jordaens est, au même titre que Rubens et Van Dyck, au pinacle de la peinture flamande du XVIIe siècle. Bertrand Dumas

« Jordaens 1593-1678, la gloire d’Anvers »

Petit Palais, avenue Winston-Churchill, Paris-8e,www.petitpalais.paris.fr

Légende photo

Jacob Jordaens, Autoportrait de l’artiste avec sa femme Catharina van Noort, leur fille Elisabeth et une servante dans un jardin, 1621-1622, huile sur toile, Musée national du Prado, Madrid. © Madrid, Museo nacional del Prado

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°662 du 1 novembre 2013, avec le titre suivant : Jordaens parmi les grands

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