Vizille (38)

Le château de Vizille

Par Alexis Jakubowicz · L'ŒIL

Le 10 octobre 2013 - 421 mots

Vizille couchée contre le sein des Alpes, douillette au lit de la Romanche. On y tient le climat montagnard et pour cause, il n’y faut pas trouver seulement l’altitude mais aussi l’attitude.

Vizille, au temps des Allobroges, était une ville forte qui a vu les Romains maintes fois repoussés. Derrière eux sont venus les comtes d’Albon puis dauphins de Viennois, seigneurs du Dauphiné, comtes en Grésivaudan qui ont planté dans le décor des arbres généalogiques qui cachent la forêt de l’histoire. Noblesse en bois précieux sans doute est partie en fumée durant les guerres  de Religion qui ont vu s’imposer aux parages un maître protestant. Compagnon d’Henri IV nommé lieutenant général et maréchal de France, le pair et duc de Lesdiguières  est devenu après abjuration grand connétable des armées du roi, gouverneur de Picardie, Bourbonnais  et Artois. À ces titres est venu s’ajouter celui de la propriété. C’est lui qui fit commettre, une fois son pays apaisé,  un palais au lieu d’une forteresse.

Monté en 1611 par les meilleurs bâtisseurs parisiens, le château chatouille le chef-d’œuvre de Vaux- le-Vicomte. Un tantinet plus brusque  en ses lignes d’origine, il acquiert par Charles de Créquy, gendre et successeur de Lesdiguières, un escalier grandiose qui lui donne, selon l’avis des spécialistes, « les dimensions d’une demeure princière ». Encastré dans  un angle rentrant, on peut encore, depuis les doubles rampes entremêlées, y contempler les canards et les oies, peut-être aussi des cervidés, traverser  le parc. En 1638, vient la troisième génération d’enjoliveurs. Après François de Créquy, la noblesse déclinante se désintéresse du domaine et le cède au tiers état. C’est Claude Perier, un opulent industriel de Grenoble, qui s’en porte acquéreur en 1780. Le bourgeois clairvoyant y tient le 21 juillet 1788 la fameuse Assemblée de Vizille. Sous peu, Louis convoque les états généraux, c’est la Révolution.  Les Perier s’y engouffrent et donnent, de père en fils, ministres et présidents, de quoi nourrir la France jusqu’à la IIIe République. Leur château, devenu résidence officielle, a vu gentiment sommeiller Carnot, Doumergue, Auriol, Coty et Charles de Gaulle avant de devenir Musée de la Révolution française en 1984. Du bronze équestre de Lesdiguières (1622) au buste de Robespierre par Claude André Deseine (1791) ; d’un Marat mort dans sa baignoire à la bibliothèque des Casimir-Perier ; du billard Art déco sur lequel jouait Albert Lebrun au DVD de Marie-Antoinette par Sofia Coppola, le château de Vizille assume tout et le reste. 

Exposition

« Culture populaire & Révolution française XXe et XXIe siècles », jusqu’au 28 avril 2014

Où ?

Domaine de Vizille, Musée de la Révolution française, place du Château, BP 1753, 38220 Vizille, www.domaine-vizille.fr 

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°662 du 1 novembre 2013, avec le titre suivant : Le château de Vizille

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