Paris 8e

Le retour des pompiers anglais

Peinture victorienne

Par Isabelle Manca · L'ŒIL

Le 23 septembre 2013 - 323 mots

Longtemps boudée par les musées français, qui la considéraient comme kitsch, celle-ci connaît un retour en grâce.

Après l’exposition consacrée au Mouvement esthétique au Musée d’Orsay en 2011, le Musée Jacquemart-André célèbre, à son tour, les artistes britanniques de la seconde moitié du XIXe siècle, à travers une cinquantaine de pièces de la collection Pérez Simón, un des plus grands ensembles en mains privées. Cette sélection dépeint non pas une école, mais un mouvement hétérogène qui réunit des artistes rejetant l’esthétique fonctionnaliste de la Révolution industrielle et son puritanisme et prônant, en réponse, un véritable culte de la beauté et de la volupté. Afin de mettre en exergue la proximité philosophique et esthétique des protagonistes du mouvement, la commissaire Véronique Gérard-Powell a dégagé « trois fils conducteurs : l’omniprésence de la femme sensuelle et fatale, la passion pour l’histoire antique et médiévale, vue comme un antidote à la société moderne, et le culte de l’art pour l’art ».

Bien que restreinte, la sélection brille par la qualité de certaines pièces, véritables icônes du mouvement, comme Le Quatuor, chef-d’œuvre d’Albert Moore, Jeunes Filles grecques, pièce maîtresse de Lord Frederic Leighton, longtemps considérée comme perdue, et, bien sûr, le tableau phare de la collection, Les Roses d’Héliogabale de Sir Lawrence Alma-Tadema. Manifeste de la peinture victorienne, ce dernier allie précision archéologique et goût pour le décadentisme. Outre ces œuvres extrêmement célèbres, la collection dévoile quelques inédits, dont Fatima, délicate œuvre de jeunesse de Burne-Jones, récemment redécouverte. Pour susciter l’impression de pénétrer dans l’univers opulent d’un collectionneur, la scénographie d’Hubert Le Gall joue la carte du décorum éclectique. Moquette imitant la peau de bête ou reprenant des patterns floraux typiques des Arts & Crafts, ainsi que des faux marbres et tentures composent une scénographie pour le moins marquée, mais qui ne cannibalise pas les œuvres.

« Désirs & Volupté à l’époque victorienne. Collection Pérez Simón »

jusqu’au 20 janvier 2014, Musée Jacquemart-André, 158, boulevard Haussmann, Paris-8e, www.musee-jacquemart-andre.com

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°661 du 1 octobre 2013, avec le titre suivant : Le retour des pompiers anglais

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