Question d'actu : Penelope Curtis

Quoi de neuf à la Tate Britain ?

Par Isabelle Manca · L'ŒIL

Le 18 septembre 2013 - 617 mots

Quelles sont les ambitions du réaménagement et de la rénovation de la Tate Britain ?
Penelope Curtis : En 2000, la collection de la Tate Gallery a été scindée en deux ; les œuvres modernes et contemporaines de la scène internationale ont été installées à la Tate Modern et les collections d’art britannique, du XVIe siècle à nos jours, ont été conservées à la Tate Britain. Cette dernière a alors été un peu écrasée par l’émergence de la Tate Modern, mais aujourd’hui nous avons l’occasion de relancer notre musée en montrant plus clairement ce qui fait son identité. Cette réflexion passe par deux axes : réhabiliter le bâtiment historique et revoir sa muséographie.

La précédente muséographie avait été vivement critiquée, qu’est-ce qui a changé ?
Nos collections étaient auparavant accrochées de façon thématique, dans un parcours qui n’était pas vraiment lisible ; nous avons donc repensé ce dernier de manière chronologique. L’objectif est de créer une promenade à travers cinq siècles d’art britannique en mêlant peintures et sculptures d’une même époque, mais de mouvements différents, afin de montrer la diversité de cette production. Nous espérons ainsi surprendre le visiteur par des rapprochements inédits, faisant voisiner nos chefs-d’œuvre et des pièces moins connues. Pour plus de clarté, cette déambulation est scandée par des dates-repères figurant au seuil des salles, afin que le public puisse aisément se situer. Parallèlement à ce parcours, qui compte cinq cents œuvres, nous avons créé des salles dévolues aux expositions-dossiers, conçues pour apporter des éclairages plus pointus sur notre collection. Enfin, nous avons également aménagé des salles monographiques pour William Blake et Henry Moore. Depuis son ouverture en mai, cet accrochage rencontre un grand succès public et critique.

En novembre, vous dévoilerez le deuxième volet du chantier, la transformation architecturale du musée, quelles sont les nouveautés ?
Avec l’agence d’architectes Caruso St John, nous avons mené une démarche quasi archéologique, en restituant les volumes originaux et la logique initiale du musée. Nous souhaitions retrouver l’unité et l’intégrité de ce bel édifice néoclassique fortement transformé au fil des ans. Nous avons ainsi redessiné ses grandes enfilades qui permettent de créer de vastes perspectives qui mettent en valeur les œuvres et fluidifient la circulation. Nous voulions également mieux valoriser le décor historique des galeries, et les rendre plus lumineuses en y faisant pénétrer la lumière naturelle. Pour des raisons de conservation, nous avons aussi renforcé les sols, afin qu’ils puissent mieux supporter le poids des statues, et amélioré l’hygrométrie des salles. Outre les galeries, nous avons beaucoup travaillé sur les éléments architecturaux emblématiques du bâtiment : sa rotonde et l’entrée principale sur la Tamise. Mais le projet ne comprend pas que des restitutions ; nous avons aussi créé un grand escalier en spirale qui relie les différents niveaux, un nouveau café, ainsi que de nouveaux espaces pédagogiques et une nouvelle salle d’archives. Enfin, nous avons également associé des artistes contemporains à ce projet, dont Richard Wright, qui a réalisé les fenêtres.

Combien a coûté ce chantier et comment a-t-il été financé ?

Cette première phase de travaux a coûté 47 millions de livres, une somme presque entièrement financée par des moyens privés, via des fondations et des mécènes. Si nous trouvons les fonds nécessaires, nous pourrions d’ici à trois ans entamer une seconde phase qui concernerait la restructuration d’autres galeries et l’agrandissement des espaces d’exposition temporaire.

Repères

Spécialiste de la sculpture et de l’art britannique, Penelope Curtis assure la direction de la Tate Britain depuis 2009. Elle était auparavant conservatrice à l’Institut Henry Moore.

Ouverte en 1897, à Londres, la Tate compte aujourd’hui quatre musées dont la Tate Britain, entièrement consacrée à l’art britannique de 1500 à nos jours.

1,5million, c’est le nombre de visiteurs annuels de la Tate Britain.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°661 du 1 octobre 2013, avec le titre suivant : Question d'actu : Penelope Curtis

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