Malte

Renzo Piano, réinventeur de Malte

Par Marie Zawisza · L'ŒIL

Le 23 août 2013 - 491 mots

Joyau de l’architecture et de l’art baroque, La Valette tient à s’inscrire dans le présent. La preuve : l’entrée de la ville a été entièrement repensée par Renzo Piano.

«Je me suis longtemps promené à La Valette pour saisir l’esprit de la ville avant de commencer ce projet », nous avait confié Renzo Piano l’hiver dernier, insistant sur sa volonté de s’inscrire dans l’histoire et le paysage de cette cité classée au patrimoine mondial de l’Unesco et future capitale européenne de la culture.
L’un des concepteurs du Centre Georges Pompidou à Paris a ainsi rendu ses dimensions originales – environ huit mètres – au pont permettant d’accéder à la ville, qui avait subi plusieurs élargissements successifs au cours des siècles, jusqu’à atteindre la largeur de trente-deux mètres. De plus, l’architecte a fait raser la porte monumentale qui le surmontait depuis cinquante ans. À la place, une brèche entre les remparts donne l’impression de pénétrer dans la roche…

« Retrouver la légèreté des temples grecs »
Mais surtout, juste derrière les remparts, à la place d’un ancien parking dénué de poésie, se dresse désormais un parlement, toujours signé Renzo Piano. L’architecte a choisi d’utiliser de la pierre maltaise dure, en harmonie avec les constructions baroques. L’édifice est composé de deux bâtiments reliés par une passerelle, afin de laisser filer le regard et entrer la lumière à l’intérieur. Pour assurer une harmonie entre les couleurs et les nervures des pierres de la façade, chacune a été numérotée dans la carrière dont elle a été extraite, afin de se retrouver dans le bâtiment près de ses voisines naturelles. Les fenêtres du parlement, taillées de façon à ne jamais laisser entrer la lumière directe du soleil et à conserver une température agréable, créent un rythme visuel sur la façade, proposant comme un écho à la porosité des pierres des remparts de la cité… Et le rez-de-chaussée, vitré, donne l’impression que le bâtiment flotte dans les airs. « J’ai voulu retrouver la légèreté de la pierre des temples grecs antiques », nous a expliqué Renzo Piano.

Enfin, à côté du bâtiment, l’architecte a aménagé un théâtre de plein air, sur les ruines de l’ancien théâtre britannique – Malte fut sous domination anglaise de 1800 à 1964, comme en témoignent les cabines téléphoniques et boîtes aux lettres rouges qui parsèment encore la ville. L’ancien théâtre fut détruit par les bombes pendant la Seconde Guerre mondiale. C’est là, sur ses décombres, que le gouvernement maltais préconisait d’ériger le nouveau parlement. Piano a refusé : ce théâtre faisait partie du patrimoine et de l’histoire de la ville, et il fallait le réhabiliter. Il y a d’ailleurs à peine touché. Simplement, il a reconstitué certaines colonnes et fait poser des gradins et des structures métalliques, pour les contraintes techniques, comme l’éclairage de la scène. Si bien que, cet été, les Maltais comme les touristes ont partagé la curieuse expérience d’applaudir des pièces sous les étoiles, dans les ruines d’un théâtre britannique…

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°660 du 1 septembre 2013, avec le titre suivant : Renzo Piano, réinventeur de Malte

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