Nice (06)

Noël Dolla, à votre guise

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 22 août 2013 - 392 mots

Si son nom ne figure pas dans le titre, s’il a souhaité accrocher tout un lot d’œuvres de ses amis, mais aussi de sa collection, et s’il a tenu à y inscrire celles des étudiants de la promotion 2013, Noël Dolla n’en est pas moins la figure prétexte et invasive de l’exposition que l’on peut voir à la Villa Arson.

Il en est d’ailleurs le concepteur, répondant à l’invitation que lui a adressée Éric Mangion, le directeur artistique des lieux. La Villa Arson, Dolla la connaît : il y a enseigné trente-sept ans. Il y est donc chez lui, et la façon dont il a choisi d’en envahir – d’« en sublimer les 23 000 m2 » – est à la mesure de cette complicité. S’il a laissé la partie étudiante à Stéphane Corréard, il a tout réglé lui-même, composant un parcours aux allures de « flânerie joyeuse dans le dédale architectural » de la Villa. Un parcours mémorable et passionnant tant sont riches la vie et l’œuvre de ce membre fondateur de Supports/Surfaces, militant engagé, artiste polymorphe, qui n’a de cesse d’interroger la nécessité politique de l’art, la nature et la fonction de l’œuvre et de l’exposition.

Celle qu’il a imaginée à Nice s’offre à voir comme un véritable labyrinthe à travers toutes les problématiques abordées, les aventures traversées et les réponses apportées. Caractéristique d’une posture qui, si elle trouve son socle au sein d’un groupe, a toujours affiché une farouche liberté, elle accumule sculptures, peintures, interventions in situ, collages, assemblages, éditions, etc., dans une festive foultitude. De ses premiers Étendoirs (1967-1968) aux dessins de tarlatane qu’il a collés sur les « casquettes » des murs de la Villa, le chemin est tracé tout en suspens et en zigzag, en pirouettes et en jeux de mots, en glissement de sens et en paroles manifestes. Comme on le dit de Dada ou de Fluxus, il y a un esprit Dolla bien spécifique, qui se plaît à remettre sans cesse en jeu savoirs et pratiques au bénéfice d’une insatiable création et finalement de l’impatience à surprendre et être lui-même surpris. Non pas « changer la vie », mais faire voir combien la vie est changement, transformation, métamorphose. Et l’art, énergie, innovation et détournement.

Infos pratiques

« Entrée libre mais non obligatoire », jusqu’au 21 octobre 2013, Villa Arson, 20 avenue Stephen-Liégeard, Nice (06), www.villa-arson.org

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°660 du 1 septembre 2013, avec le titre suivant : Noël Dolla, à votre guise

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