Moulins (03)

Rochegrosse le dernier pompier

Par Bertrand Dumas · L'ŒIL

Le 22 août 2013 - 334 mots

Retour en grâce pour les « pompiers ». Après Luc-Olivier Merson, puis Jean-Léon Jérôme, c’est au tour de Georges-Antoine Rochegrosse (1859-1938) de sortir des limbes de l’histoire de l’art avec une première rétrospective brillamment orchestrée par le musée Anne-de- Beaujeu, à Moulins. Celui-ci possède le plus important fonds d’œuvres de l’artiste favorisé par l’amitié qui unissait le peintre au poète moulinois Théodore de Banville.

Ce dernier confia à Rochegrosse l’illustration de ses écrits comme la décoration de ses résidences dont les éléments restaurés sont pour la première fois présentés au public. Des boiseries peintes inaugurent ainsi le parcours thématique de l’exposition dont le parti pris s’imposait au regard de l’éclectisme qui caractérise l’œuvre de Rochegrosse.

Une centaine de peintures et de dessins issus de collections publiques et privées montrent, « sans en masquer les inégalités », la diversité et la valeur de l’œuvre de Rochegrosse. L’artiste excelle dans le genre de la peinture d’histoire, qu’elle soit d’inspiration antique ou biblique. Il en extrait de grandes compositions, qui sortent peu à peu des réserves des musées français qui les ont acquises pour la plupart au salon. C’est le cas de l’Andromaque du Musée de Rouen ou du flamboyant Chevalier aux fleurs, aujourd’hui au Musée d’Orsay, dont le thème wagnérien révèle que la musique et le théâtre sont, après l’antique, la grande affaire de Rochegrosse. Il y déploie tout son talent de metteur en scène, illustrant des livrets d’opéra et dessinant de nombreux projets de costumes dont ceux de la comédie lyrique de Banville.

Moins heureuses, en revanche, sont ses compositions orientalistes. Souvent mièvres, elles sacrifient à la demande de la clientèle bourgeoise de Rochegrosse qui réclame de langoureuses odalisques ou des scènes de rues populaires où le peintre semble s’être quelque peu égaré. Mis à part cet écart, Rochegrosse séduit, souvent surprend par son audace qu’il mit au service tant des poètes que des musiciens.

Infos pratiques

« Georges Antoine Rochegrosse, les fastes de la décadence », jusqu’au 5 janvier 2014, musée Anne-de-Beaujeu, Moulins (03), www.mab.allier.fr

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°660 du 1 septembre 2013, avec le titre suivant : Rochegrosse le dernier pompier

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