Stefan Koldehoff, Tobias Timm, L’Affaire Beltracchi,

Le plus grand scandale du marché de l’art

Par Fabien Simode · L'ŒIL

Le 26 juin 2013 - 319 mots

ENQUÊTE. Un couple de faussaires, des experts peu regardants, une maison de ventes peu scrupuleuse, des collectionneurs moins intéressés par l’art que par leur placement et d’autres n’ayant jamais existé, un conservateur de musée douteux, des virements opérés depuis des paradis fiscaux, des écoutes téléphoniques, des laboratoires d’expertises et des rapports de police…

Cette enquête a tous les ingrédients du bon polar dont le héros – malgré lui – serait le blanc de titane. Pourquoi précisément ce blanc ? Parce qu’il faut attendre la fin des années 1930 pour qu’il soit produit industriellement. Or, le rapport de l’Institut Doerner est formel : du blanc de titane a été utilisé pour peindre le Tableau rouge avec chevaux d’Heinrich Campendonk en… 1914 !
Si la toile de cet expressionniste allemand avait été adjugée en deçà de son estimation basse, soit 800 000 euros, il est probable que ces chevaux blancs anachroniques seraient passés inaperçus. Mais voilà, l’œuvre a été vendue pour la somme de… 2,4 millions d’euros, soit le tableau le plus cher adjugé cette année-là en Allemagne.
L’auteur de ce tableau s’appelle Wolfgang Beltracchi, époux d’Helene Beltracchi. Il s’inscrit dans la lignée du « génial » faussaire de Vermeer, Han Van Meegeren. Lui peint, elle trafique les certificats et prend la pose sur des photos mal vieillies dans sa luxueuse propriété du sud de la France qui la font passer pour sa grand-mère à dessein de donner un faux pedigree aux faux tableaux accrochés aux murs, des Léger, Max Ernst, Pechstein, Van Dongen.
Ce polar à grosses ficelles pourrait être une fiction. Il s’agit d’une histoire vraie, l’affaire « Beltracchi », dont deux journalistes allemands retracent ici le déroulé jusqu’à la condamnation de Wolfgang à – seulement – six ans de prison. Une enquête passionnante en même temps qu’un violent réquisitoire contre les dérives du marché de l’art.

Stefan Koldehoff, Tobias Timm, L’Affaire Beltracchi, Jacqueline Chambon, 240 p., 24 €.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°659 du 1 juillet 2013, avec le titre suivant : Stefan Koldehoff, Tobias Timm, L’Affaire Beltracchi,

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