Monaco (98)

Diato le céramiste qui cachait le peintre

Quai Antoine-Ier du 4 juillet au 15 septembre 2013

Par Fabien Simode · L'ŒIL

Le 26 juin 2013 - 404 mots

Albert Diato : ne cherchez pas, ce nom ne vous dira probablement rien. Et s’il devait évoquer quelque chose, sans doute est-ce à chercher du côté de la céramique.

Céramiste, Albert Diato, né à Monaco en 1927 et décédé à Nice en 1985, l’a été. Et un grand. La légende veut qu’après-guerre, le jeune poète soit descendu de la capitale à Vallauris pour interviewer Picasso pour une revue d’avant-garde. Durant l’entretien, le maître en « résidence » chez Madoura lui aurait fait gratter un plat avant de l’encourager à poursuivre sur cette voie. Dans la foulée, Diato devait ouvrir l’atelier de céramique du Triptyque.
Aux premières poteries naïves et enfantines teintées d’antique succède un répertoire personnel composé de bestioles imaginaires dans lesquelles on perçoit encore l’influence – ou la liberté – de Pablo Picasso.
Parti à Paris, à Londres, à Faenza (la ville d’Italie qui a donné son nom à la faïence) puis, plus tard, en Afghanistan à dessein de perfectionner sa pratique et d’affiner son style, Diato va peu à peu nouer des relations d’amitié avec Hélène de Beauvoir (sœur de Simone) et de protection auprès du prince Pierre de Monaco qui lui confie en 1959 la réalisation du décor à fresque et céramique de la bibliothèque Princesse-Caroline (Monaco) et celle de la salle des délégués au siège de l’Unesco (Paris).
Mais voilà, parallèlement à sa carrière de céramiste, Albert Diato nourrit un véritable travail de peintre. Dès les premières toiles qui hésitent entre surréalisme et art informel, on mesure le formidable talent de cet artiste visiblement au fait des débats esthétiques en cours. Le peintre a parfaitement assimilé les leçons des cubistes, comme celles de Fautrier, de Dubuffet, de Lam et même de Max Ernst. Sous son pinceau, la création semble facile, si facile qu’elle en donne le vertige lorsqu’il trouve, dès le début des années 1950, sa voie du côté du dernier de Staël, celui qui flirte avec l’abstraction.
Les deux pieds du peintre sont alors rivés dans son temps, celui de Nicolas de Staël donc, mais aussi de Poliakoff et du Miró des Constellations, jamais au détriment de… Diato. Comment un tel peintre a-t-il pu rester si longtemps oublié, sinon ignoré ? Le bon céramiste a-t-il fait de l’ombre au gigantesque peintre ? Le redécouvrir aujourd’hui à Monaco est un don du ciel.

« Albert Diato, céramiste et peintre »

Salle d’exposition du quai Antoine-Ier, Monaco, tél. 98 98 83 03.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°659 du 1 juillet 2013, avec le titre suivant : Diato le céramiste qui cachait le peintre

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