Miró, taillé pour le cosmos

L’exposition de Lausanne, qui puise dans les collections majorquines de la Fondation Pilar y Joan Miró, est justement concentrée sur cette période de création de l’artiste et met en exergue l’incroyable foisonnement d’idées qui nourrit et régénère sans cesse sa démarche. Il y a les tableaux méditatifs des années 1960, ceux aux motifs de femmes, d’oiseaux et d’empreintes de main peints sur de la toile de sac, mais aussi de paysages aux couleurs vives et puissantes. Il y a les grands paysages monochromes des années 1970, proches de l’expressionnisme abstrait, mais aussi les toiles brûlées dont il était « sûr que jamais les bourgeois n’en voudront sur leurs murs ». Il y a enfin toutes ces œuvres aux motifs stylisés peints sur fond bleu avec ses doigts sur toutes sortes de supports comme des cartons, des papiers de verre ou du bois.
« Je ne fais aucune différence entre peinture et poésie », déclarait volontiers Miró. De fait, l’art du Catalan procède de cette osmose sublime qui trouve à s’informer tant en surface que dans toute une production simultanée de sculptures en terre cuite ou en bronze, d’œuvres sur papier, d’estampes, voire de mosaïques monumentales. Miró disait encore vouloir « atteindre l’universel » : son œuvre a une dimension proprement cosmique.