Metz (57)

Des « Vues d’en haut » bien trop basses

Centre Pompidou-Metz jusqu’au 7 octobre 2013

Par Bénédicte Ramade · L'ŒIL

Le 25 juin 2013 - 379 mots

Bien sûr, il y a des trouvailles, de l’excellence même, dans « Vues d’en haut ». Mais il y aussi la déception d’un accrochage qui ne convainc pas et d’une exposition un peu atone, manquant de vertiges.

Au rez-de-chaussée, le choix d’une médina comme principe scénographique embrouille inutilement l’espace quand, à l’étage, la longue perspective héritée de « 1917 » n’est pas exploitée à son maximum, par une disposition flottante des œuvres sur une face et trop contrainte de l’autre. Le sentiment, d’un ensemble trop policé, est donc mitigé malgré un beau casting de 500 œuvres.
D’entrée de jeu, le paysage de toits parisiens sous la neige de Caillebotte déçoit. On attendait davantage les plongées haussmanniennes et les photographies prises du haut d’un balcon par le frère du peintre. Il y va ainsi de certains choix comme des pis-aller qui se comprennent mal. Heureusement, des rapprochements inédits convainquent davantage. Comme cette Composition n° 5 que Mondrian réalisa en 1917 mise en regard d’un film d’animation informant des avancées des troupes allemandes à l’aide de motifs carrés en vue aérienne. Le maître néerlandais parle de ce film dans un de ses textes publiés dans De Stijl. C’est pour ce type de « rencontres » qu’il faut aller voir « Vues d’en haut », et pour des salles comme celle où dialoguent une vision nord-coréenne de Gursky, des animations microscopiques de Michal Rovner, un extrait de ballet aérien et dansé extravagant des années 1930, avec des images de foules bien ordonnées en motifs.
Dommage cependant que la section réservée au Land Art ne soit pas mise en perspective avec les photographies de la Terre prises depuis la Lune. Ni même que l’œuvre de James Turrell, pilote émérite, intègre cette présentation par trop convenue. Plus le parcours arrive au contemporain et plus il hésite. On peut aussi lui reprocher le choix d’un Yann Arthus-Bertrand au détriment de l’œuvre bien plus puissante et critique d’un Edward Burtynsky.
Trop d’intuitions restent ici embryonnaires : choisir un dessin aborigène, réalisé au sol, est une piste excitante, mais, faute de développement, l’œuvre reste anecdotique et perdue sur le mur. « Vues d’en haut » est bien l’un des premiers bémols du Centre Pompidou-Metz.

« Vues d’en haut »

Centre Pompidou-Metz, 1, parvis des Droits-de-l’Homme, Metz (57), www.centrepompidou-metz.fr

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°659 du 1 juillet 2013, avec le titre suivant : Des « Vues d’en haut » bien trop basses

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