La critique

Keith Haring en ardent militant politique

Par Bénédicte Ramade · L'ŒIL

Le 25 juin 2013 - 317 mots

Inutile de faire durer le suspense : l’exposition réalisée en binôme par le Musée d’art moderne de la Ville de Paris et le 104 traduit parfaitement et avec nuance le besoin ardent d’agir qui anima Keith Haring tout au long de sa courte existence [« Keith Haring, The Political Line », jusqu’au 18 août 2013].

 Si l’on sait son combat en faveur de la lutte contre le sida (dont il mourut en 1990) et l’homophobie, ceux contre le nucléaire, l’apartheid en Afrique du Sud ou le racisme, dont il fit ses chevaux de bataille, n’avaient pas été toujours si clairement exposés. Dans le contexte d’une France déchirée par le mariage pour tous, les positions critiques d’Haring sonnent juste et s’avèrent même prémonitoires. Encore trop tristement d’actualité, comme on peut le constater au fil des salles parfaitement installées. Au 104, on retient le pop-up store et surtout les dix panneaux pour chacun des commandements qu’Haring avait peints en 1985 au CAPC. Une claque de monumentalité et de rage fluo, de silhouettes dont on discerne la touche, émouvante forcément lorsqu’on pense à ce jeune homme intensément dans son art et son époque.
Le parcours du musée est, lui, beaucoup plus foisonnant. Presque deux cent cinquante œuvres témoignent du besoin de l’artiste de prendre position. Jamais il ne donne de leçon, il n’a ni cette prétention ni le goût de la morale pour cela. En revanche, il s’exprime sur des cercueils égyptiens, des masques pseudo-africains en plastique, des vases monumentaux : liberté sexuelle et d’esprit. La salle des totems, dans l’une des courbes du musée, est l’une des plus belles : phallus géant, empilements néoprimitifs jaunes et noirs, le sentiment d’urgence de l’artiste dépasse les normes. L’énergie y est vibratile. Bien sûr, certains combats sont plus naïfs, ceux de l’écologie encore balbutiante sont moins marquants visuellement. Mais, de cet ensemble, on repart rechargé d’une force vitale ravageuse. Vite, agissons !

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°659 du 1 juillet 2013, avec le titre suivant : Keith Haring en ardent militant politique

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