Acquisitions

Fragonard : le Rocher et L'Abreuvoir

Par Bertrand Dumas · L'ŒIL

Le 24 juin 2013 - 328 mots

Grâce à son club de mécènes, le Musée des beaux-arts de Lyon s’enrichit de deux paysages de Jean Honoré Fragonard, complétant ainsi sa collection de peintures françaises du XVIIIe qui comportait, jusqu’ici, peu d’œuvres de premier plan.

Vers 1765 ? 
Jusqu’ici, on pensait Le Rocher contemporain de L’Abreuvoir, mais les récentes analyses techniques réalisées en laboratoire par le C2RMF (Centre de recherche et de restauration des musées de France) repousseraient la datation du premier après 1780.

1 550 000€ 
Proposées par la galerie Jean-François Heim (Paris), les deux toiles ont été entièrement financées à hauteur de 775 000 euros chacune par le Club du Musée Saint-Pierre, qui regroupe seize entreprises mécènes de la région lyonnaise.

Van Ruysdael 
Le réalisme atmosphérique de ces deux paysages est redevable à l’art hollandais, et en particulier à Jacob van Ruysdael (1628-1682), dont Fragonard possédait un « chemin boisé » que lui avait cédé le marchand Lebrun. Ce dernier rapporte qu’il s’en servait « d’inspiration pour faire ses charmants paysages ». Le peintre se serait rendu deux fois aux Pays-Bas, entre 1763 et 1772. Toutefois, il suffisait à Fragonard d’aller chez ses collectionneurs pour voir de la peinture hollandaise. Si le peintre parisien pastiche ses aînés du Siècle d’or, il introduit une dimension galante dans ses pastorales qui est proprement française. Au frémissement des feuilles que maîtrisait Van Ruysdael, il ajoute le murmure des amants de Watteau. Une combinaison toute personnelle.

Ciel 
Motif de correspondance, le ciel occupe plus de la moitié de la composition des deux tableaux et, surtout, les formes mouvantes des nuages impriment le relief des frondaisons, qu’elles dominent.

Faux pendants
 Les deux paysages, de dimensions équivalentes, ont été réunis, dès 1860, par le collectionneur François Hippolyte Walferdin, qui avait déjà relevé leur étroite parenté de sujetet de style. Ensuite, les deux tableaux, brièvement séparés, traversent ensemble le XXe siècle, jusqu’à la vente de la collection Veil-Picard, en 1987. Faux pendants chez Fragonard, ils ont été vite associés dans le cœur des collectionneurs.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°659 du 1 juillet 2013, avec le titre suivant : Fragonard : le Rocher et L'Abreuvoir

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