Philippe Favier travaux au noir

Par Christine Coste · L'ŒIL

Le 27 mai 2013 - 316 mots

Pénombre dans les sous-sols de la Mep pour écrin à la première exposition consacrée en ses murs à Philippe Favier.

Et le noir en majeur, et en titre d’un parcours dans l’œuvre inédite et récente construit par le critique Henri François Debailleux, complice de longue date de l’artiste. Noir comme le noir poudré de sa dernière série, Les Noircissiques, imaginée à partir de photographies anonymes de mariage qu’il a accumulées dans des cartons depuis vingt ans et dont il ne garde que la silhouette blanche de la mariée et les têtes de l’époux et des convives. Focus du cadrage, focus de l’œil, que l’on contemple en autant d’éclats de lumière, de présences revisitées, ressuscitées des limbes d’un passé qui soudain s’éclaire, nous parle, nous enchante comme des séquences d’un film familier.

Depuis ses premières créations, Philippe Favier ne se concentre que sur ce qu’il recherche, trouve, et qui l’attire dans les marchés aux puces, les brocantes… pour redonner vie à des photographies, images, dessins, objets remisés, oubliés, jetés, vendus, sur lesquels il intervient en rajoutant de-ci de-là un bout de tissu, de dentelle ou une vanité, des mots, un dessin à la gouache blanche, léger, libre et impertinent. La miniature chez Philippe Favier développe son propre langage. Support d’un réinvestissement rêvé, précis, minutieux et délicat, l’image, qu’elle soit photo de mariage, portrait d’enfant, paysage de montagne ou de ville, enregistre « l’invasion spirituelle » de l’artiste, comme il le confie dans l’ouvrage Noir [Bernard Chauveau éditeur, Mep], parfait écho de l’exposition.

Nombre d’œuvres ont été développées voire générées par lui pour ce rendez-vous, comme cette sublime installation de plaques de verre utilisées pour la série Lucky One, série de vanités également présentée. Passé, présent : Philippe Favier a l’art de l’assemblage, du détournement, des collages subtils, légers et du réinvestissement du banal, du commun, qui se joue du temps, des mots, des représentations et des fonctionnalités.

« Philippe Favier. Noir… »

Maison européenne de la photographie, 5-7, rue de Fourcy, Paris-4e, www.mep-fr.org 

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°658 du 1 juin 2013, avec le titre suivant : Philippe Favier travaux au noir

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