Gianni Piacentino dans le radar suisse

Le nouveau directeur du Centre d’art contemporain de Genève, Andrea Bellini (passé brièvement par la case Castello di Rivoli), entend bien réparer « l’oubli » après avoir exposé au printemps la jeune garde suisse. Une fois par an, il s’est en effet donné pour tâche d’exposer un de ces artistes sortis des radars critiques. Piacentino, autodidacte né en 1945, a commencé sa carrière avec les artistes historiques de l’Arte povera en 1966 à la galerie Sperone, mais assez vite, il a tracé seul sa route avec sa sculpture minimaliste. Ses œuvres offrent d’ailleurs davantage de connivence physique avec la plastique impeccable du regretté McCracken, que Bellini avait exposé à Turin, qu’avec les créations de ses confrères italiens plus « narratifs » et sentimentaux.

Mais ce qui fait surtout la signature de Gianni Piacentino, c’est son rapport au design automobile. Car nombre de silhouettes semblent empruntées à ce dernier, occupant l’espace avec l’élégance des carrosseries épurées sans le côté atelier du garage. Une application répétée de vernis parachève d’ailleurs cette approche formelle minimaliste à la recherche d’une certaine perfection. Ses « véhicules », comme il les nomme, sont immobiles, mais leur ADN est marqué par la vitesse. D’ailleurs, Piacentino pratique la moto de compétition et dessine des engins motorisés « réels ». Moteur, mouvement, vitesse, un art qui échappe aux travers virils du genre.