A vendre, à défendre, à meubler

Par Fabien Simode · L'ŒIL

Le 17 mai 2013 - 632 mots

À vendre, Maison de France. À la fin du mois d’avril, la France a déclaré vouloir se séparer de sa « Maison de France » à Berlin, un bâtiment de 1897 classé monument historique qu’elle occupe depuis avril 1950. Dans cet édifice emblématique du Berlin-Ouest, situé sur la Kurfürstendamm (l’équivalent des Champs-Élysées à Paris), la France promeut, par l’intermédiaire de l’Institut français, son action culturelle en Allemagne en dispensant des cours de langue, en programmant des expositions, des conférences, des concerts et des films – son Cinéma Paris est le seul, dit-on, à diffuser des films dans la langue de Molière à Berlin. Mais peu importe, l’heure est aux économies budgétaires, et l’ambassadeur de France en Allemagne compte bien mettre au pot en vendant le bâtiment et en déplaçant l’action culturelle au sein de son ambassade. Dans un communiqué, le personnel de l’Institut français s’insurge ; il dit « NON à la fermeture de cette Maison, symbole de l’amitié franco-allemande depuis 1950, emblème de la culture française à Berlin ». Alors, la résistance s’organise : une page Sauvons la Maison de France à Berlin est créée sur Facebook, sénateurs et députés des Français de l’étranger se mobilisent… « Quel produit espère-t-on de la vente de la Maison de France ? […] Combien restera-t-il du produit de la vente […] lorsque les travaux d’aménagement [de l’ambassade de France] auront été réalisés et payés ? », demande très justement le député Pierre-Yves Le Borgn’ (PS européen) sur son blog. « Un morceau de France disparaît », titre le Berliner Zeitung, qui rapporte les propos du maire francophone du quartier pour qui il serait impensable que l’Allemagne se sépare du Goethe-Institut de Paris. Il est vrai que cette vente intervient à un mauvais moment, l’année des 50 ans du traité de l’Élysée, quand les relations entre la France et l’Allemagne se refroidissent, peu après la polémique à propos de l’exposition « De l’Allemagne » au Louvre, et alors même que les deux pays échangent leur pavillon à la Biennale de Venise. Vendre la « Maison de France » ! Tout un symbole, surtout lorsque le palais de l’Élysée annonce, quelques jours après la déclaration de son ambassadeur, disperser à l’encan, les 30 et 31 mai à Drouot, une partie de sa cave à vin afin de renouveler celle-ci avec des crus plus modestes pour, en période de crise, reverser l’excédent de la vente au budget de l’État. Au secours, le patrimoine de la France prend encore l’eau !

A défendre, Institut Néerlandais. Les Pays-Bas sont à la fête, après avoir déclenché un feu d’artifice orange pour la réouverture tant attendue du Rijksmuseum, le « Louvre d’Amsterdam », dont nous rapportons l’inauguration dans ces pages, la reine Beatrix a cédé son trône au prince héritier Willem-Alexander au son de « Merci Bea ! » et « Vive le roi ! ». Pourtant, il est un morceau des Pays-Bas où le cœur n’est pas à la fête, à l’Institut néerlandais à Paris (qui expose actuellement Kees Visser, Krijn de Koning et Navid Nuur) dont la fermeture est programmée pour fin 2013. Sale temps pour les instituts…

A meubler, MUCEM. Marseille, enfin Capitale ! Marseille-Provence 2013 semble bien atteindre sa vitesse de croisière après l’ouverture du Frac PACA et avec l’inauguration, ce mois-ci, de l’exposition « Le grand atelier du Midi » et, surtout, du MuCEM, équipement tant attendu des Marseillais. Même si ces derniers ne taisent pas leurs inquiétudes au sujet de leur nouveau musée national. Si l’on parle beaucoup de l’enveloppe – le bâtiment, réussi, de Ricciotti –, rien, ou presque, n’est dit sur sa programmation que l’on peine à comprendre. Les expositions répondront-elles aux attentes ? Auront-elles l’envergure internationale attendue ? Et les budgets pour ce faire ? Rendez-vous dans un an pour un premier bilan.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°658 du 1 juin 2013, avec le titre suivant : A vendre, à défendre, à meubler

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