Mannequins ? On rêve !

Dans deux salles du Musée de la mode et du design, cent vingt tirages retracent les étapes
clés du métier de mannequinat. Fonction d’abord exercée par la vendeuse ou la couturière, qui posait tel un portemanteau sans souci de séduction, le métier prend un premier tournant après la Seconde Guerre mondiale, lorsque l’on identifie le mannequin, puis à nouveau dans les années 1980 avec l’avènement des super modèles, Linda, Naomi, Cindy, Claudia, photographiées par Lindbergh, Meisel,  Newton et Bourdin.

Loin de ne montrer que l’aspect glamour de la mode, Sylvie Lecallier, photographe et commissaire de l’exposition, réunit également des œuvres qui disent avec ironie l’envers du métier. C’est par exemple la veste réalisée à partir d’un buste de couture dessinée par le couturier Martin Margiela, la mannequin  Nicole Meyer posant en nuisette dans un cercueil (Guy Bourdin), ou encore la mannequin Kristen McMenamy (Juergen Teller) exhibant sur son buste nu les lettres Versace, à quelques centimètres d’une blessure due à une fermeture Éclair.

Si l’on peut voir poindre une visée féministe, la commissaire s’en défend. « Je ne dénonce rien, je ne délivre aucun message. J’essaie de montrer ce qui se passe dans le monde de la mode, rendre hommage à ces femmes qui exercent pour la plupart un métier très dur. » Elles ont beau le savoir, ces jeunes débutantes qui écument les castings – par Juergen Teller –, elles continuent d’avoir les yeux plein de rêve et de paillettes.