Paris 7

Napoléon et l’Europe, la guerre des images

Musée de l’Armée – Hôtel des Invalides jusqu’au 14 juillet 2013

Par Isabelle Manca · L'ŒIL

Le 19 avril 2013 - 310 mots

« Il y a régulièrement des expositions dédiées à Napoléon, mais celle-ci est différente ; elle se distingue par sa volonté de synthèse et d’ouverture », prévient d’emblée sa commissaire Émilie Robbe.

De fait, Napoléon, qui est sans conteste l’une des personnalités les plus populaires de l’histoire de France, a dernièrement fait l’objet d’une multitude de manifestations thématiques abordant ses victoires militaires, sa stratégie politique ou encore la place des arts sous son règne. Mais, depuis l’exposition fleuve de 1969 organisée pour le bicentenaire de sa naissance, aucun événement n’avait embrassé la geste napoléonienne avec une aussi grande ampleur que celui présenté aujourd’hui.

Ses organisateurs ont effectivement convoqué, à chaque fois que les documents le permettaient, les différents points de vue européens, suscités en adhésion ou en réaction à un même épisode historique. De façon scrupuleuse et polyphonique, l’ascension fulgurante du jeune capitaine, la constitution de l’Empire, les mouvements de révolte puis la chute de Napoléon sont ainsi passés au crible du regard des vainqueurs et des vaincus. Fouillée – plus de deux cent cinquante pièces – didactique et nourrie de précieux documents, tel ce dessin de tactique militaire autographe, l’exposition présente le juste équilibre entre archives, armes, dessins satiriques et œuvres d’art.
Les chefs-d’œuvre sont évidemment légion – Napoléon ayant largement utilisé l’art dans sa propagande – et sont habilement juxtaposés aux caricatures, détournant les codes de l’iconographie bonapartiste. En marge de cette production aux accents volontiers grotesques, on découvre aussi des œuvres engagées, mais nettement plus subtiles, comme cette surprenante aquarelle de Turner, Le Champ de Waterloo, qui associe un paysage vaporeux et lumineux, typique de sa manière, à un premier plan jonché de cadavres. Enfin, l’épopée conclut sur Les Derniers Jours de Napoléon Ier, une sculpture dramatique de Vincenzo Vela sur la fin tragique de l’empereur déchu, illustrant la rapide émergence d’une mythologie napoléonienne, toujours bien vivace.

« Napoléon et l’Europe », Musée de l’Armée – Hôtel des Invalides, 129, rue de Grenelle, Paris-7e, www.musee-armee.fr

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°657 du 1 mai 2013, avec le titre suivant : Napoléon et l’Europe, la guerre des images

Tous les articles dans Expositions

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque