Design

Une exposition exemplaire de Charlotte Perriand

Musée d’art moderne Saint-Étienne Métropole jusqu’au 26 mai 2013

Par Lina Mistretta · L'ŒIL

Le 22 mars 2013 - 358 mots

SAINT-ÉTIENNE

En 1940, Charlotte Perriand, première femme designer française, est appelée au Japon par le ministère du Commerce japonais comme conseillère dessinatrice arts décoratifs.

Elle trouve un pays en porte-à-faux entre modernité et tradition. Elle entreprend de le visiter pour s’imprégner de la philosophie et l’art de vivre japonais. Elle découvre le raffinement, la poésie de l’artisanat traditionnel réalisé en matériaux naturels, bois, laque, tissage et bambou, dont elle entrevoit les multiples possibilités.

Un an plus tard, elle organise sa première  exposition  à Tokyo et à Osaka, « Sélection, tradition, création », dont le propos est de montrer comment la production japonaise peut s’adapter aux usages occidentaux : à côté des objets d’art populaire japonais, elle expose ses propres créations, notamment la chaise longue basculante en bambou, adaptée du modèle mythique en acier chromé de 1928. Elle retrouve dans l’architecture japonaise un écho aux théories apprises auprès de Le Corbusier : cohésion entre extérieur et intérieur, standardisation des éléments, modularité de l’espace intérieur…

En 1955, Charlotte Perriand organise une exposition collective avec Fernand Léger et Le Corbusier, proposition d’une synthèse des arts qui associe arts plastiques et habitat. Autour des sculptures de Léger et des tapisseries de Le Corbusier elle présente entre autres pièces sa chaise Ombre, sa bibliothèque à plots en tôle laquée, son étagère Nuage, autant de créations qui préfigurent le design des futures décennies. L’impact de cet événement générera des commandes, notamment l’aménagement des bureaux d’Air France en 1959 et celui de la résidence de l’ambassadeur du Japon à Paris en 1965.

Charlotte Perriand a été célébrée par les plus grandes institutions muséales, mais l’exposition  montée par le Musée d’art moderne de Saint-Étienne avec la collaboration de Pernette Perriand et Jacques Barsac est exemplaire par son ampleur et son exhaustivité : les réalisations mythiques de Charlotte Perriand sont là, complétées par des  œuvres inédites réapparues au Japon. Les showrooms d’exposition reconstitués à partir des plans d’époque immergent le spectateur au cœur de ces moments clés. Photos de voyages, documents spécialisés, correspondances, publications, collections personnelles sont aussi du rendez-vous.

Voir

« Charlotte Perriand et le Japon », Musée d’art moderne Saint-Étienne Métropole, rue Fernand-Léger, Saint-Priest-en-Jarez (42), www.mam-st-etienne.fr

Thématiques

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°656 du 1 avril 2013, avec le titre suivant : Une exposition exemplaire de Charlotte Perriand

Tous les articles dans Expositions

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque