Michel Haas fait le mur avec ses gravures

Musée du dessin et de l’estampe originale jusqu’au 28 avril 2013

Par Fabien Simode · L'ŒIL

Le 22 mars 2013 - 367 mots

Rien ne ressemble plus à une œuvre de Michel Haas qu’une œuvre de Michel Haas.

Depuis bientôt quarante ans, ce sémillant jeune homme de 78 ans, tour à tour peintre, dessinateur et graveur, poursuit inlassablement son travail sans jamais dévier de sa trajectoire. Une œuvre au noir que certains comparent aux peintures rupestres, parce que sans âge, cousine de l’empreinte et de la trace, d’un souvenir dont il ne resterait que le contour informe de l’avoir été.

À Gravelines, quelque part entre Dunkerque et Calais, niché dans l’arsenal d’un ancien fort du XVIe siècle, le Musée du dessin et de l’estampe originale a invité le peintre à exposer son œuvre gravé. Il lui a pour cela confié la totalité de son espace d’exposition. Mieux, il lui a offert ses murs. Là où d’autres auraient déroulé un accrochage rétrospectif chronologique, Michel Haas a choisi de proposer plus qu’une exposition : un geste.

Sans cadre ni verre de protection, les gravures sont fixées à même les cimaises. L’équilibre du tout semble instable, précaire même ; il est pourtant mûrement réfléchi. Les unes à côté des autres, les unes au-dessus des autres, les œuvres se parlent et se répondent. Par associations de formes ou de thèmes (le taureau, le chat de l’atelier, le cycliste, etc.), l’œil bondit d’une gravure à une autre dans un chaos qui n’a du désordre que l’apparence. Aucun cartel explicatif, aucun titre ne vient rompre la composition d’ensemble, faisant de l’exposition une œuvre en soi. Et le résultat tient le mur.
Mais il faut s’approcher, toucher des yeux les œuvres. Le papier n’est pas seulement  imprimé, il est gratté, épluché, parfois déchiré. Chaque nouvelle impression de la plaque est l’occasion pour l’artiste d’une création nouvelle, unique. Gravure ou dessin ? Dessin ou peinture ? Pour le directeur du musée, Paul Ripoche, Michel Haas se joue assurément des frontières… Quand il ne se plaît pas à les brouiller, sentiment renforcé par l’emploi de la technique au Carborundum qui, parce qu’elle opère par ajout et non par grattage, donne cette sensation déroutante de matière, sinon de relief, à la gravure.

Voir

« Michel Haas à Gravelines », Musée du dessin et de l’estampe originale, Château - Arsenal, Gravelines (59),www.ville-gravelines.fr

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°656 du 1 avril 2013, avec le titre suivant : Michel Haas fait le mur avec ses gravures

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