Grenoble (38)

Philippe Cognée - Question de peinture

Musée de Grenoble - Jusqu’au 3 février 2013

Par Vincent Delaury · L'ŒIL

Le 17 décembre 2012 - 343 mots

Avec la rétrospective Philippe Cognée, le Musée de Grenoble présente la plus grande exposition jamais consacrée au peintre français, né en 1957.

Une sélection d’une centaine de peintures retrace son parcours depuis 1991 jusqu’à aujourd’hui, on y retrouve les grands thèmes qui jalonnent son œuvre : objets, vues urbaines, foules, supermarchés, vanités... Et, d’emblée, une évidence s’impose : malgré la diversité des sujets abordés, un tableau de Cognée se reconnaît immédiatement. Affaire de style, ses images présentent un flou sophistiqué, mais aussi de technique. Des photos de l’artiste prises au quotidien ou tirées des vidéos de son camescope sont repeintes à l’encaustique et recouvertes d’un film Rhodoïd que Cognée chauffe au moyen d’un fer électrique, puis qu’il arrache, ce qui mène ces images à la limite de la visibilité. Les formes se brouillent, comme dévorées par une trop forte lumière, pour engendrer des motifs à demi effacés. Dans le beau catalogue du musée, le poète Yves Peyré voit à raison ces images vacillantes comme « des objets qui dansent en mer, sous la surface de l’eau, alors que la marée qui se retire ne les a pas encore abandonnés sur le sable ».  
 
Si la fin du parcours de l’exposition déçoit quelque peu (des séries récentes comme Paysage indien et Fleurs sont plastiquement plus faibles), on ne peut être qu’admiratif devant un tel travail de peintre exaltant, depuis plus de trente ans, le pouvoir de la peinture à dire l’intime et le monde. On reconnaît une peinture puissante à sa capacité à élargir le champ des possibles et des interprétations. L’œuvre complexe de Philippe Cognée a ce pouvoir-là : en même temps qu’elle questionne le médium peinture (son histoire, ses rapports entre abstraction et figuration, image peinte et image photographique), elle propose une réflexion sur la condition de l’homme moderne, devenu tel un fantôme dans la froideur implacable des mégalopoles contemporaines. Bref, voilà bien une expo marquante à ne surtout pas manquer si l’on aime l’art qui fait sens.

Voir « Philippe Cognée »

Musée de Grenoble, 5, place Lavalette, Grenoble (38), www.museedegrenoble.fr

Voir la fiche de l'exposition : Philippe Cognée

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°653 du 1 janvier 2013, avec le titre suivant : Philippe Cognée - Question de peinture

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